Je me souviens de mes premiers cours d’éducation physique comme si c’était hier. C'était au primaire. J’étais tellement stressée. J'en faisais des maux de tête et des nausées. Je savais que je n’étais pas très bonne en sport d'équipe, que j’avais une coordination pourrie, une tendance à être pas mal dans la lune donc un temps de réaction légèrement en retard et surtout, zéro intérêt à me lancer par terre ou me faire mal pour mettre un stupide ballon dans un filet!
Honnêtement, mon aversion pour les jours où il y avait de l'éducation physique à notre horaire était pratiquement viscérale. Je regardais mon horaire au début de l'année et je savais quel jour j'allais haïr l'école… Pourtant, j’ai découvert plusieurs années plus tard qu'en fait, j’aimais vraiment le sport. Je n'aimais seulement pas la façon dont on me l'avait enseigné. Je vous explique un peu pourquoi.
Je ne sais pas pour vous, et j’espère fortement que ça ait changé depuis, mais il y avait une dynamique de performance assez importante dans les cours d’éducation physique. Nous étions évalué.e.s sur notre forme physique plutôt que sur notre progression pendant l’année et les connaissances que nous avions acquises. Nos camarades de classe (et parfois même les profs) jugeaient assez sévèrement notre performance. Je me rappelle avoir souvent été choisie en dernier lors de la formation des équipes, même par mes ami.e.s… On s'entend que c’est assez dur sur l’estime de soi et sur la motivation à s’améliorer! Je me rappelle aussi que ce qui se passait dans le cours faisait parfois l’objet de moqueries plus tard dans la cour d’école. Ça je l'ai moins vécu, mais d'autres personnes oui, et c'était assez triste de voir ça. Je comprends mal comment nous aurions pu être enclin.e.s à vouloir refaire du sport après et aimer ça en plus…
Tous les sports qu’on nous montrait à l'école étaient des sports d’équipe où on devait faire le plus de points possible. D’emblée, il n’y a rien de mal à ça, sauf que j’aurais aimé qu’il y ait plus d’accent sur le plaisir de bouger et comment chaque personne est différente et peut y trouver son compte. J’aurais aimé qu’on me parle plus tôt de plein air, par exemple. J’aurais aimé qu’on nous parle des bienfaits de faire du sport, en dehors de la performance et de l’apparence physique. Que la participation compte plus que le fait de gagner, mais pour de vrai, pas juste en paroles!
Un autre aspect qui me créait un stress immense était la journée où on prenait notre poids et notre taux de gras dans le grand gymnase, à la vue de tous.tes. Presque toutes les petites filles, y compris moi-même, étions tellement nerveuses cette journée-là. J’étais trop jeune pour m’en rendre compte, ou du moins pour identifier que ce que je ressentais était du stress, mais toute la semaine, je dormais mal et j’avais plus de maux de tête. Je savais que je n’étais pas la meilleure de ma classe pour les sports, et en plus, vu que j’étais plus grande que les autres, je pesais plus. Ce n’est pas la seule raison pour laquelle mon poids a été une grande préoccupation plus tard, mais disons que ça n’a clairement pas aidé et que je me suis habituée jeune à le juger très négativement.
À ce jour, le sport est probablement LA chose qui me permet le mieux de gérer ma concentration, canaliser mon stress et me donner plus d'énergie. Pour moi, il s’agit quasiment d’une « prescription médicale », et pourtant, j’ai longtemps été sédentaire parce que j’avais une vision erronée de l’activité physique. Je ne suis probablement pas la seule qui ait vécu les cours d'éduc de cette manière et sincèrement, je trouve ça tellement dommage! J’aurais vraiment souhaité qu’on me montre plus tôt comment apprivoiser le sport pour mon bien-être et à ma façon.