Il y a quatre ans, suite à des idées noires et troublantes, je me suis enfin décidée à consulter un médecin. J’avais toujours redouté cet instant ; je savais qu’il arriverait, tôt ou tard. Ma famille me voyait aller et notait mon comportement inquiétant depuis un moment. Je perdais l’intérêt pour les activités que je pratiquais ainsi que pour mon environnement. Le métro me faisait une peur bleue et j’étais quasi incapable de le prendre sans être accompagnée. Je suis reconnue pour mon caractère légendaire, certes, et je piquais des crises pour tout et n’importe quoi.
Beaucoup de colère et de peine se bousculaient au sein de mon corps pour ensuite laisser la manie s’installer et je trouvais absolument tout drôle ; je parlais sans arrêt (well, plus que d’habitude à un rythme accéléré, avec ou sans interlocuteur lol), je me sentais comme une sorte de god qui pouvait accomplir tout ce que bon lui semble sans avoir d’obstacles et je dépensais jusqu’à me calciner les doigts (disons que c’est toujours encore le cas).
C’est ainsi qu’a commencé mon processus de traitement médical avec les médicaments. Mon médecin général de l’époque m’a diagnostiqué une dépression majeure et m’a prescrit des antidépresseurs, qui ont fonctionné un certain temps. Après une consultation avec la psychiatre, celle-ci m’a donné un diagnostic plus précis et a mis le doigt sur mon problème de santé mentale : j’étais atteinte du trouble bipolaire, doublé d’un trouble panique. J’ai donc délaissé les antidépresseurs pour des stabilisateurs d’humeur, puisque ces derniers sont plus adéquats pour soigner ma maladie. Dans un premier temps, ce ne fut pas une expérience des plus agréables. Le premier médicament que j’ai essayé ne m’allait pas du tout ; il me rendait insomniaque et j’étais HYPER agressive (pour vous donner une idée à quel point je ne suis pas violente, la seule fois que j’ai frappé quelqu’un j’avais 9 ans et je suis partie à pleurer instantanément par remords, et ce même si elle m’avait dit que je n’avais aucune qualité et juste des défauts). J’ai ensuite commencé un autre traitement qui a été plus satisfaisant. Le processus pour réajuster mon débalancement chimique naturel allait bien. C’était long, mais certain.
Cependant, les choses se sont corsées. Ma psychiatre est tombée malade et j’ai dû en consulter une autre. Ce fut l’enfer. Je n’ai jamais autant été invalidée dans ma vie que par cette femme, tant par mes maladies que par mes sentiments. Elle voulait se débarrasser de moi comme patiente et ne se souciait pas de mon bien-être. J’essayais tant bien que mal de faire ajuster mon traitement, qui avait besoin d’être augmenté à ce moment-là, sans résultats. J’ai été jusqu’à la laisser me ridiculiser sur mes vêtements qui laissaient découvrir ma peau en une chaleur humide d’été pour la convaincre d’augmenter mes médicaments (même si mon estime en a pris un coup et que j’ai pleuré à chaudes larmes sur le chemin du retour du cabinet de Westmount). Ma mère a fini par noter le manque de professionnalisme de la psychiatre (thanks again mommy) et m’a aidée à en trouver un.e autre en un cours laps de temps, avec beaucoup de chance puisque les listes d’attentes sont longues.
J’ai enfin pu adapter ma médication avec mon nouveau psychiatre, qui était bien à l’écoute et présent pour moi. Malgré tout, nous n’avons toujours pas encore atteint la bonne dose. Je dois en réduire un pour éventuellement l’arrêter, en augmenter un autre et en réduire un énième. Ce n’est pas évident, mais je sais que c’est le meilleur choix que je peux faire pour m’aider à prendre soin de moi et vivre avec mes troubles. Les médicaments demandent de la constance, une surveillance accrue de la part des professionnel.le.s de la santé, un certain investissement et une adaptation corporelle également. Quatre ans après avoir commencé les pilules, je ne suis toujours pas arrivée à la bonne dose, même si je vois une ligne d’arrivée. Il s’agit d’une tâche très difficile qui demande beaucoup d’énergie, mine de rien (et le système de santé ne nous facilite pas les choses, je suis bien placée pour le savoir). Mais je suis déterminée à aller mieux et à me réconcilier avec mes étiquettes, que j’ai longtemps jugées moi-même.
Êtes-vous dans une situation similaire? Quelle est votre expérience avec le dosage des médicaments?