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Tu as vécu une agression. Est-ce que ça va?
Crédit: Capture d'écran/Facebook

La semaine dernière, une scène que certains ont trouvé plutôt banale s’est produite en ondes. Pour plusieurs par contre, elle a été à l’image de ce que nous, les femmes, dénonçons depuis un bon moment : toutes les problématiques entourant le consentement. La vidéo montre Valérie-Micaela Bain en direct pour couvrir le festival Osheaga, qui reçoit une tentative de marque d’affection non consentie. La vidéo est vite devenue virale. On y voit la journaliste repousser rapidement l’homme en question de façon ferme.

Premièrement, sans consentement, c’est NON. Me semble qu’on en parle assez, j’ai toujours du mal à comprendre que des femmes (et des hommes!) puissent encore vivre des choses comme celles-ci. Je vous confirme que c’est pas un événement isolé. Presque chaque jour, je vois sur mon fil d’actualité des filles qui vivent des événements similaires. NO JOKE. C’est vraiment dérangeant, même si on parle de micro-aggression. Ça veut dire que chaque jour, des filles se sentent envahies dans leur intimité et que certaines ont peur pour leur sécurité. C’est inacceptable.

Ensuite, mon point principal concerne une perspective de cet événement que je n'ai presque pas lue ou entendue dans les derniers jours, mais qui est cruciale selon moi. Quand j’ai vu madame Bain réagir en direct, j’ai été vraiment contente qu’elle ne se laisse pas faire, mais malgré qu’elle ait fait preuve d’un professionnalisme hors pair, je me suis toute de suite demandé comment elle allait. Comment elle se sentait après avoir vécu quelque chose qui, je le répète, arrive trop souvent à trop d’entre nous. Sa réaction a soulevé beaucoup de fierté chez les femmes et je ne remets pas en doute ce mouvement de solidarité. Par contre, cette journaliste a vécu une agression non consentie et malgré sa force et qu’elle a pu clairement mettre ses limites, elle reste humaine. Notre perception de cet événement ne la positionne pas tant comme une victime parce qu’elle a su se faire entendre et se mettre en sécurité, mais je trouve important de rappeler que l’envers de la médaille peut être très différent. Les réseaux sociaux se sont enflammés, mais qui a pris de temps de demander à Valérie-Micaela : « Est-ce que ça va? Comment tu te sens? » Parmi tout ce que les médias et blogues ont publié, je n’ai vu qu’un seul texte d’une sexologue qui partage mon point de vue. Honnêtement, ça m’a dérangée.

Mon texte concerne cette journaliste, mais il se veut plus large. Quand une personne vit une agression, sa réaction immédiate ne prédit que très rarement comment elle vivra les contrecoups. Figer, se battre ou fuir une agression sexuelle (ou non), ne définit pas les réactions post-agression. Seuls l’écoute et un accueil bienveillant de la victime pourront aiguiller les gens sur le support et l’aide dont a ou aura besoin la personne ayant vécu ce genre de trauma. Soyons vigilants avant de commenter les réactions des victimes. Que ça soit par le blâme : « Voyons, tu aurais dû essayer de te débattre » ou par des félicitations : « Bravo, t’es une femme forte, t’as peur de rien. »

Faire attention parce que ces mots pourraient avoir un impact sur comment la personne vivra ses émotions face à cette situation. Une victime qui se fait féliciter, par exemple, pourrait hésiter à montrer qu’au fond, cette situation l’a beaucoup affectée de peur que les autres soit déçus ou pensent qu’au final ils se sont trompés et qu’elle est faible. Parce que let's be honest c’est vraiment pas valorisé dans notre société, la fragilité.

Madame Bain et toutes les autres victimes, vos réactions face à l'agression, peu importe leur intensité et leur nature, sont valables, tout autant que vous émotions pendant et après. Les sentiments et difficultés que vous vivez à cause de cette situation sont justifiés et personne ne devrait vous juger à ce sujet. Je vous souhaite d’être accueilli.e.s dans vos confidences et que vous soyez validé.e.s et aidé.e.s. C’est normal d’avoir besoin d’aide suite à une agression, peu importe si vous êtes de nature confiante ou non. Forte ou fragile.

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