J’ai longtemps cru que « trouver ma place » était synonyme de « trouver l’emploi qui me convient ». Que c’était par cet emploi, supposé me correspondre parfaitement, que j’aurais enfin ma place à moi, dans ce monde.
Je pensais même l’avoir trouvé : j’allais devenir sociologue. Écrire des bouquins sur l’humain en société, enseigner tout ce beau savoir devant des classes d’étudiants assoiffés de connaissance et tout le tralala.
Le projet avançait même plutôt bien. Diplômée du baccalauréat en psychologie et sociologie avec mention d’excellence, j’ai aussi terminé ma scolarité de maîtrise en maintenant une moyenne parfaite de A+, ce que m’a valu d’obtenir une bourse – près des six chiffres – pour financer mon doctorat.
Seul problème : un sentiment de plus en plus envahissant d’être dans la mauvaise voie.
J’étais sans conteste douée pour le domaine de la sociologie, mais était-ce vraiment ce que j’aimais faire? Était-ce « ma place »? J’ai été forcée de constater qu’entre ce que je « peux » faire et ce que je « veux » faire, il y a une marge. Que ce ne sont pas toujours des synonymes. J’aurais pu ignorer ma voix intérieure, mais j’ai choisi de l’écouter. J’ai abandonné ma maîtrise en cours et j’ai refusé le financement de doctorat qui m’était offert.
Je suis partie à la recherche de ce que je « voulais » faire. Une quête pas si simple. Je venais de rayer un seul item de la liste des possibilités, mais une presque-infinité de choix s’offrait à moi. Comment savoir ce que je « veux » faire?
Je connais plutôt bien mes forces, mes faiblesses, mes qualités, mes défauts. Avec les années, l’expérience, ma scolarité atypique et éclectique, j’ai aussi développé un bon nombre de compétences qui peuvent être utiles dans plusieurs domaines professionnels.
Je « peux » faire plusieurs choses. Mais qu’est-ce que je « veux » faire? Je ne m’étais étrangement jamais vraiment posé la question avant d’abandonner ma maîtrise. Je croyais que je devais faire ce que je « pouvais » faire. Si j’étais douée pour un domaine, c’était forcément « ma place », non? D’un autre côté, je n’aime pas particulièrement cette idée de « trouver sa place » principalement par une insertion dans le marché du travail.
Ma place, je l’occupe depuis ma naissance. C’est l’espace occupé par mon corps et mon esprit. C’est l’énergie que je déploie dans mes actions quotidiennes. C’est le lien que je crée avec les gens qui m’entourent. J’ai déjà « ma place » dans ce monde, juste en existant.
Reste plus qu’à trouver ce que j’ai envie d’en faire, environ 40 heures par semaine. J’ai donc choisi d’occuper un poste de barista dans un café et j’adore ça! Même s’il m’arrive parfois de m’y rendre un peu à reculons – comme tout le monde, right? – mes collègues et mes clients sont une source quotidienne de petits bonheurs. Je m’y sens bien, à « ma place ».
Est-ce la « place » que j’occuperai sur le marché du travail pour toute la vie? Je n’en sais rien. Mais c’est la place que je « veux » occuper aujourd’hui, demain et le jour suivant. Seul l’avenir nous révèlera la suite.
Comment avez-vous trouvé votre « place » dans le marché du travail? Est-ce que le choix a été difficile? Remettez-vous parfois ce choix en question?