Une des choses qui me passionne le plus en mode, c’est l’étude des liens entre un vêtement et la société à laquelle il appartient. Même si on répète souvent que l’habit ne fait pas le moine, l’analyse des significations sous-jacentes aux vêtements nous renseigne énormément sur le contexte social de l’époque.
Dernièrement, on voit un engouement envers le mou, le confortable, l’ample. On abandonne nos talons hauts pour enfiler nos sneakers. Est-ce la fin de la féminité? Est-ce que le courant féministe des dernières années a tué le vêtement féminin? Que Nenni!
Il est facile de faire des confusions et des liens maladroits entre la mode, la féminité, le féminisme et la condition féminine. Les notions restent complexes et subjectives. Toutefois, s’il y a bien une chose que je retiens de mes cours d’Histoire de la mode, c’est qu’aux époques où la femme arborait une silhouette et des vêtements hyper féminins, cela rimait bien souvent à des manques de considération et des restrictions quant aux conditions de la femme.
Dans cette première partie, je vous parle des époques dans l'Histoire de la mode où le vêtement était très féminin, mais aussi très restrictif.
Je commence par une petite anecdote : saviez-vous que jusqu’en 2013, une loi interdisant aux femmes de porter un pantalon dans la rue était toujours en vigueur en France (elle datait de 1800). Même si concrètement, aucun policier n’aurait arrêté une dame pour port de pantalon, reste qu’il aurait pu, parce qu’un archaïsme juridique était toujours existant. La loi a été officiellement abrogée le 31 janvier 2013, mais c’est fou de penser que la seule raison qui permettait aux femmes de porter un pantalon, c'était si ces dernières tenaient à la main un guidon de vélo ou des rennes de chevaux. En d’autres termes, les femmes du 19e siècle étaient cantonnées à leurs belles robes pas du tout pratiques, MAIS elles pouvaient porter un semblant de pantalon si elles pratiquaient la bicyclette ou le sport équestre #TropGentilMerci.
À peu près à la même époque, la silhouette en vogue était excessivement féminine, oui mesdames. Les seins sous le menton (ou presque), la taille minuscule (grâce au corset, instrument de torture) et les hanches à n’en plus finir. En plus, à l’aide de superposition de couches de crinoline et de structures métalliques appelées « faux-cul », elles arboraient des postérieurs à faire mourir d’envie Kim Kardashian #LolPasLol. Pour se situer dans l’histoire, nous sommes à l’époque victorienne. Époque où la femme possède un statut juridique similaire à celui d’un enfant mineur. La femme est donc extrêmement infantilisée dans son statut juridique, pourtant, les courbes de son corps sont accentuées et son vêtement est entièrement féminin.
Un petit aperçu du fonctionnement d'un corset.
Crédit : Flickr
Avançons aux années 50, l’époque des Marilyn Monroe, Mae West et compagnie. Des femmes ô combien féminines et provocantes. Mais aussi ô combien réduites à un rôle de femmes désirables et naïves. Côté mode, la silhouette est encore une fois très axée sur les courbes du corps. Nous pouvions voir le tailleur Bar chez Dior et l’utilisation fréquente de la guêpière, enfant du corset.
Crédit : Flickr
Quand on y pense, les années 50 nous amènent à l’American Dream. Cette période de l’histoire n’en était pas une où les femmes étaient vraiment considérées à part entière. Elles étaient de bonnes épouses exemplaires, des femmes au foyer. Elles ne pouvaient pas réellement aspirer à une autonomie. Bref, nous pouvons encore faire un lien avec un vêtement hyper féminin, qui met en valeur les formes de la femme. Pourtant, son statut social est très infantilisant et rétrogradant.
Dans cette première partie, je vous ai présenté des exemples de vêtements qui mettaient en valeur les courbes du corps de la femme. Le corset et la guêpière étaient des pièces peu confortables (voire mortelle, dans certains cas du corset) et très restrictives. De plus, les femmes avaient peu de droits et de reconnaissance sociale à ces époques où leur corps était mis en l'avant.
Dans la deuxième partie, je vous présenterai plutôt des vêtements fluides, peu restrictifs, et très féminins à leur manière!
Que pensez-vous du lien entre vêtement féminin et condition féminine?