J'aurais donné n’importe quoi pour ne plus sentir ce vide dans ma tête. J'avais tellement mal. Je sentais que tout mon corps sombrait. À ce moment-là, dans ma tête, c'était pour toujours. J'étais cassée. Mille miettes de moi. Un puzzle d'un million de morceaux que je n'allais jamais être capable de faire. Je voulais juste que ça arrête. Je ne voyais absolument rien de positif dans ma dépression. C'était juste gris, c'était juste laid.
Ça fait un peu plus de deux ans que j'ai eu le diagnostic. Tout ce temps-là à se battre. Je n’aime pas dire que je suis guérie. Je ne me sens pas guérie. Je vais mieux, mais je suis toujours fragile. Mon raz-de-marée d'idées noires a laissé place à de petites tempêtes.
Avec du recul (genre vraiment beaucoup), je dois dire que j'ai grandi grâce à la dépression. Comprenez-moi bien, je ne retournerais pour rien au monde dans le plus deep de ma dépression. Même pas si on me donnait la chance d'aller étudier à Poudlard en échange. Mais je trouve que je suis une version améliorée de la Myriam que j'étais.
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J'ai appris à m'affirmer dans ce que je suis, ce que je veux. J'ai le droit d'aller mal et de prendre du temps pour moi. J'ai le droit de le dire que je ne vais pas bien. Je parle de mes antidépresseurs si ça me tente, pis je m'en fous si ça rend mal à l'aise. Au contraire. Je veux qu'on en parle. J'aime ça qu'on en parle. J'ai fait du ménage dans mes amis. Les gens qui me jugeaient ou qui étaient mal à l'aise avec ma maladie sont partis et c'est ben correct comme ça. J'aime énormément les amis que j'ai actuellement. Je sais qu'ils ne me jugeront jamais et qu'ils seront toujours là.
J'ai aussi appris que j'étais forte. Mon corps est devenu mon armure. J'étais capable d'encaisser les coups, d'être toujours vivante. J'avais mal, mais j'arrivais toujours à me relever. Parfois avec douleur, mais jamais sans fierté. J'ai vécu des choses que je ne pensais jamais être capable de traverser vivante. Je me sens beaucoup plus sûre de moi.
Je vais peut-être mieux, mais je travaille fort pour ça. Dans le creux de vague de ma dépression, aller mieux était ma job à temps plein. Maintenant, j'ai plus l'impression que c'est un travail à temps partiel. Je peux vaquer à mes occupations quotidiennes, mais il faut toujours que je me garde du temps pour essayer d'être bien. Je me questionne. Je m'analyse. J'essaie davantage de comprendre le monde sans le juger et d'être douce avec moi-même.
Je crois que guérir une dépression ça se fait à long terme. Ça peut crissement donner le vertige au début, je le sais. C'est dur, mais un jour ça va être plus doux. Peut-être que, comme moi, c'est dans le déséquilibre que vous retrouverez l'équilibre.