Shopping is cheaper than therapy. Je vois souvent passer cette phrase, et ses dérivés, sur Internet ou encore sur des chandails pseudo-ironiques. Je vous avertis tout de suite, ce n’est pas le genre de trucs que je trouve drôle et que je veux promouvoir. Il n’y a rien au monde qui me ferait changer d’avis là-dessus. Pis j’ai envie de vous expliquer pourquoi.
Je n’aime pas ce genre de phrase, et encore moins quand c’est imprimé sur un vêtement, parce que, selon l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, une personne sur cinq souffrira d’une maladie mentale dans sa vie. Une sur cinq, c’est beaucoup. C’est 20 % de la population. De ces gens, seulement le tiers iront chercher l’aide et les soins nécessaires pour s’en sortir.
Toujours selon l’Institut universitaire en santé mentale, les maladies mentales causent 20% des décès chaque année. C’est énorme, étant donné que les maladies mentales peuvent être traitées ou contrôlées. Il y a des remèdes, des traitements, des thérapies pour en venir à bout, ou du moins pour éviter la mort. Alors pourquoi un taux de décès si élevé?
Parce que les maladies mentales sont encore taboues. Parce que les gens qui en sont atteints sont souvent isolés et sans ressource. Parce qu’il y a encore trop de préjugés face au processus de recherche d’aide puis de thérapie. Pis il y a sûrement plein d’autres raisons, mais je ne suis pas statisticienne ni chercheuse.
Mais ce processus-là, il est primordial. Si nous voulons que les statistiques changent, il faut arrêter de banaliser la maladie mentale. Il faut plutôt se concentrer pour la démystifier. Pis ce n’est pas des « dictons » de la sorte qui aident à la situation.
Cet été, une de mes amies s’est enlevé la vie. Tout ça m’a fait penser à elle, à moi au plus bas de ma dépression et au reste du 20 %. Je pense à tout ça et ça me fâche qu’en 2015 les gens écrivent encore des choses comme ça, même à la blague. Parce que ce n’est pas un sujet qui s’y prête du tout.
C’est pourquoi je crois que ce genre de message est inacceptable. Je vous jure que ce n’est pas drôle de vivre avec une maladie mentale et qu’il n’y a aucune robe — aussi parfaite soit-elle — ni aucun cossin qui va faire que mon cerveau fonctionne mieux. Pour ça, ça prend de l’aide et un suivi psychologique.
Pis je ne vous le cacherai pas. Oui, un suivi psychologique, ça coûte cher. Mais à la place de ne plus avoir le goût de vivre, j’ai décidé d’investir 100 $ par semaine pour rester en vie. En coupant dans les sorties, parce que de toute façon alcool et médication ne font pas bon ménage, j’ai assez d’argent pour me permettre d’aller voir un psy.
Mais ce n’est pas tout. Si vous n’allez pas bien et que vous n’avez vraiment pas de sous, vous pouvez toujours demander de l’aide à l’urgence psychosociale pour avoir un suivi gratuit avec un intervenant du CLSC de votre région. Sinon, si ça va trop mal, vous pouvez toujours vous présenter à l’urgence d’un hôpital, quelqu’un va pouvoir vous aider.
Parce que je vous le dis, j’ai essayé de m’acheter des vêtements pour aller mieux, mais ça n’a vraiment pas fonctionné. J’faisais juste mettre un plaster sur le bobo puis un jour je me suis retrouvée en train d’écrire une lettre de suicide, un flacon de médicaments dans une main, et avec l’idée que m’enlever la vie était la seule issue qu’il me restait. Mon message a été reçu à temps et une amie m'a aidé à prendre un rendez-vous dans un centre. Ce rendez-vous et mon amie m’ont sauvé la vie, pas ma garde-robe bien remplie.
Mais eille, s’acheter des vêtements, ça reste cool pis le fun là. C’est juste que ça doit rester dans la sphère des besoins et des loisirs et pas dans celle de l’automédication!