Depuis qu’elle a obtenu son diplôme de l’École nationale de l’humour en 2013, Katherine Levac est partout. Pas étonnant qu'elle ait remporté le trophée Découverte de l'année au dernier Gala les Olivier, tout le monde capote sur son stand-up pince-sans-rire, son aplomb et son personnage Paige Beaulieu qu’on a pu voir à SNL Québec.
1. Est-ce que tu as toujours voulu être humoriste? C’était quoi ton rêve quand tu étais petite?
Je voulais être vétérinaire de ferme. LA personne qui tasse la merde de la vache pour l’inséminer. Je persiste à dire que j’aurais été bonne parce que j’étais quand même bonne en science. Mais après ça, j’ai décidé de faire un bac en littérature. Je voulais vraiment être prof. Pendant mon bac, j’ai eu des cours de création littéraire et c’est ça que j’aimais le plus. Je les prenais chaque session, même si c’était un cours d’écriture de polars. La prof me disait : « Ouais, c’est ben drôle et c’est ben bon… mais c’est plus un cours axé sur les énigmes! ». Je me cherchais toujours des moyens d’écrire du drôle. Des fois ça s’appliquait, des fois ça ne s’appliquait pas. Peut-être pas pour les polars!
2. De quelle façon l’École nationale de l’humour t’a aidée dans ta carrière d’humoriste?
Je ne suis pas le genre de personne qui va te dire que l’École est essentielle dans le cheminement d’un humoriste. Mais dans le mien, elle l’a été. Je suis une fille d’école, j’suis bonne là-dedans. J’aime ça qu’on me donne les outils, j’aime ça être encadrée.
En plus, je n’étais pas de Montréal. Je trouvais que c’était un gros changement pour moi de déménager à Montréal pour percer en humour. L’École nationale de l'humour, ça m’a aidée à me concentrer les punchs, les gags. Ça m’a permis aussi de m’entourer d’autres humoristes. Les gens avec qui je travaille aujourd’hui, Jérémy Du Temple-Quirion, Mehdi Bousaidan, David Beaucage, c’est des personnes que j’ai rencontrées à l’École. En plus, je viens de l’Ontario, alors 14 000$ pour deux ans, dans une école où y’a plus de profs que d’élèves, que t’as pas de livres à acheter et où je fais une tournée à travers le Québec en finissant, c’était pas si pire.
Crédit : Katherine Levac/Facebook
3. Qu’est-ce que ça change pour toi d’être une fille en humour?
Du côté professionnel, je ne vois pas de différence. Tant mieux pour moi. Des gens avant moi ont tracé le chemin et je les remercie. Mais du côté personnel, je trouve ça difficile parce que le métier d’humoriste, ce n’est pas parfait pour une femme, si tu veux avoir des enfants. Je ne suis pas Katy Perry, je ne ferai pas de tournée à Tokyo, mais t'sais. Il y en a qui ont des enfants, mais moi, mes objectifs personnels ne fittent pas avec mes objectifs professionnels. Pis là je ne te dis pas que j’ai trouvé la solution, je n’en ai pas de solutions. Moi, à l’âge où je pensais accoucher d’un bébé, je vais accoucher de mon show.
4. C’est quoi tes objectifs de carrière? Des rêves en humour?
J’aimerais faire mon one-woman show, le rouler beaucoup, pis l’aimer. L’aimer longtemps. Au Québec, pour des raisons financières, c’est souvent de longues tournées, alors j’espère que je ne vais pas commencer ma tournée, pis, en plein milieu, être tannée de mon spectacle. C’est pour ça que même si les gens me disent que je devrais sortir un show maintenant, j’attends le bon moment. J’veux faire un show que j’aime. Pis en faire d’autres après évidemment. Pis j’aimerais ça aussi publier. Un livre, un recueil, des nouvelles humoristiques, j’aimerais vraiment ça. Ça serait la cerise sur le sundae de ma vie.
5. As-tu des humoristes ou des gens que tu adores? Qui sont tes idoles?
Il y a des gens dont j’admire beaucoup le parcours, comment ils voient l’humour. Mes meilleurs au Québec, c’est les Denis Drolet. Ils me font rire comme personne ne me fait rire. Quand je suis là, je ne m’attends à rien, je ne sais pas ce qui va se passer. Dans d’autres spectacles d’humour, je tombe dans l’analyse. Je me dis « Ah, yé allé là », « Il a dit ça comme ça, bon flash! » pis je pars. Mais avec les Denis, je ne pars jamais. Je reste avec eux tout le long. Je ris vraiment pour vrai, pis ça, c’est rare. Et j’admire leur parcours. Eille, ils se sont fait huer dans un gala, pis ils ont continué. Je me mets à leur place et je n’en reviens pas. Si je me faisais huer dans un gala, je ferais genre « Ok byyyyyye! ».
6. Y a-t-il des sujets dont tu adores parler dans ton stand-up et d’autres que tu évites?
Ce dont j’aime parler, c’est de l’actualité, mais de mon actualité personnelle. J’aime parler des choses que je vis. Mes numéros sont souvent bâtis comme des dissertations parce que je suis une fille de littérature. Par exemple, je commence : « Moi, je suis comme ça, je vais le prouver en quelques points… tac tac tac! » et je conclus.
Évidemment, les gens ne viennent pas me voir pour me dire « Belle dissertation, excellent sujet amené! », mais je conçois les choses comme ça dans ma vie. Là où je me censure beaucoup, c’est en ce qui touche la sexualité, les sacres et la vulgarité. Je me censure beaucoup parce que tout ce que je raconte est vrai. Fait que je me censure en me disant : « Katherine, as-tu vraiment envie que les gens sachent ça? Non. » Parce que dès que tu fais un numéro là-dessus, les gens vont l’écouter (ou pas) et, après, tu vas t’en faire parler. Mais si ça me fait chier et que ça ne me tente pas que le monde m’en parle, je n’écris pas des jokes là-dessus. Je garde ça pour moi.
7. As-tu des conseils pour les filles en général?
Soyez amoureuses! Soyez amoureuses de vous. Soyez amoureuses de plein de monde, mais surtout, soyez amoureuses de vous. Aimez les choses et aimez les gens. Ne restez pas dans la haine, soyez dans l’amour. La haine, ça gaspille du temps. Soyez dans l’amour! Moi, c’est ça qui me rend heureuse.
8. Et des conseils pour éviter les faux pas vestimentaires?
Ne portez pas des bottes blanches parce que c’est fuckin' laid. J’hais ça, ça ne devrait pas exister. Et ne portez pas de eye-liner partout en dedans de votre œil pis autour. On dirait juste que vos yeux sont des petits trous noirs. Faites pas ça.
Si vous voulez voir une « dissertation » de Katherine sur scène cet été, elle sera en spectacle à la Place des Arts les 8 et 9 juillet pour le spectacle des 5 prochains. Le 11 juillet elle participera au spécial SNL de Dieu Merci et le 17 juillet elle sera sur la scène du Gala Juste pour rire de l’Envie. Enfin, David Beaucage et elle présentent un spectacle à Zoofest intitulé Un beau programme.