Il y a environ deux ans de cela, ma meilleure amie et moi jasions devant un verre de vin.
On a entre autres discuté de nos premières expériences sexuelles et de leur étrangeté. Avec notre recul de jeunes femmes « sexuellement actives » de 19 ans. On était consternées par le nombre de choses qu’on avait laissé passer, par ces expériences rough ou limite malsaines qui nous avaient servi de point de départ. Et après la réponse qu'a eue mon article, j'ai réalisé à quel point ça rejoignait encore un grand nombre de filles autour de nous.
Être ignorante
C’est normal de ne pas être des expertes les premières fois, de nous découvrir et de découvrir l’autre. Ce qui me fait peur, c’est d’avoir réalisé beaucoup plus tard que les expériences que j’avais vécues étaient loin d’être saines et respectueuses, comme c'est trop souvent le cas.
Le sexe, c’est le lieu de toutes les vulnérabilités. Et quand on est jeunes et inexpérimentées, ça peut être difficile de communiquer nos émotions, nos sensations, nos limites. Parce qu’il y a un monde d’étiquettes qui viennent avec le fait de dire « je suis gênée de faire ça », « tu me fais mal », ou des mots aussi banals que « doucement ».
Des choses pourtant si simples comme verbaliser notre inconfort, nos doutes, ou notre refus. Tout ça peut sembler impossible à formuler quand on n'a jamais appris comment le faire.
L’importance de s’éduquer
Quand j'étais jeune, on ne parlait pas de culture du viol. On nous faisait remplir des schémas dans lesquels on nommait des parties de l'appareil reproducteur et on écoutait des vidéos des années 90 avec Gregory Charles. C'était une bien gentille introduction. Mais je n'en ai au final pas appris grand-chose sur ce qui définissait une intimité saine, avec soi et avec les autres.
Crédit : Tumblr
Quand j’ai vu la récente controverse en Ontario concernant les cours d’éducation sexuelle, je suis restée bouche bée. J’ai du mal à croire qu’il existe encore des débats sur quelque chose d’aussi élémentaire. Quand on constate à quel point les cours d'éducation sexuelle offerts sont incomplets et datés, c’est dur de croire que ces enseignements approximatifs sont encore difficiles d’accès.
T'sais, la scène où les filles de Orange Is the New Black découvrent qu'elles ont un urètre ET un vagin? Le moins drôle là-dedans, c’est que ça existe pour vrai.
Faute d’avoir été éduquée par rapport au sexe, j’ai conçu ma propre idée de la sexualité en faisant un patchwork de connaissances et de rêveries : comprendre les hommes au travers d’un père maltraitant, illustrer une relation sexuelle avec des scènes de films manquantes, nier les pulsions érotiques au profit d’une pudeur excessive… Bref, tout un cocktail. Et chaque personne a ce bagage de vie qui tend à alimenter son idéal sexuel.
Le but d’un cours d’éducation sexuelle, c’est aussi de confronter ces idéaux érotiques (positifs ou négatifs) à la réalité. Désamorcer le malsain et enseigner le respect, le consentement. Parce que c’est tout aussi néfaste pour un jeune de glorifier la sexualité de manière démesurée, que d’en avoir complètement honte.
Tout comme Rosalie, j’espère moi aussi que la responsabilité de l’éducation sexuelle cessera un jour d’être un malaise de société. Qu’on puisse apprendre à exprimer notre refus ou à comprendre une situation malsaine avant qu’elle ne dégénère Pis même apprendre à communiquer nos désirs et nos préférences. Parce que faire l’amour, c’est supposé être le fun, non?
Avez-vous aussi souffert d’une éducation sexuelle approximative? Quelles étaient les différences les plus marquantes entre votre idéal érotique et votre réalité?