Des trucs pour vivre avec une personne qui est en dépression.

Quand Carolane est tombée en dépression, il y a trois ans, on ne se parlait plus. Ça n'a jamais paru sur le blogue, mais c’était assurément la partie la plus difficile de ma vie. J’ai décidé de me faire suivre par une psychologue pour que ce soit un peu moins intense de vivre ça par en dedans.
 
C’est difficile d’expliquer comment je suis intimement liée à ce que Carolane vit. Parce qu’on est jumelles, mais aussi parce qu’on a toujours été ensemble, j’ai de la difficulté à séparer mes souvenirs des siens, à savoir si un truc m’est arrivé à moi ou à elle. C’était pas mal la première fois qu’elle vivait quelque chose que je ne vivais pas moi-même et comprendre ce qu’une personne en dépression peut vivre, c’est compliqué en tabarouette.
 
Ça prend du temps, ce n’est pas facile, mais ça se fait. Pis si vous voulez aider une personne en dépression, il y a de petits trucs à savoir.
 
Vous n’allez pas la sauver. Le bonheur des autres ne repose pas sur vous. Si vous passez une soirée à aider votre amie en dépression, elle ne va pas nécessairement aller mieux le lendemain. C’est important de regarder toutes les petites améliorations de l’humeur et de l’état plutôt que d’attendre des résultats immédiats.
 
Mettez vos limites. C’est sûrement le truc le plus difficile à faire. Mettre ses limites, c’est le défi d’une vie. Vous pouvez aider une personne, mais il ne faut pas que ce soit au détriment de votre santé mentale à vous aussi. Ce qui est vraiment cool avec les personnes dépressives, c’est qu’elles sont habituées de verbaliser leurs sentiments. Faites la même chose. Dites que vous êtes fatiguée si vous l’êtes.
 
Aidez avec les petites choses. Vous passez une soirée chez votre amie? Proposez-lui de plier du linge avec elle. Une tâche qui vous paraît vraiment simple peut être une montagne pour une personne en dépression. Vous soupez là-bas? Faites la vaisselle et proposez de laver une ou deux autres affaires. Ce n’est pas grand-chose, mais ça fait vraiment une différence.
 
Ne soyez pas trop sensible aux changements d’humeur. Ha, ça. C’est vraiment difficile. Des fois, il suffit de faire un feedback pour que la personne avec qui vous interagissez se rende compte à quel point sa réaction est peut-être un peu intense. Vous pouvez aussi demander le sentiment de la personne. Ça a l’air vraiment weird de même, mais un « C’est tu parce que tu es stressée que tu es bête? » ouvre la porte à une réponse claire.
 
Soyez patient. Avec tout. La dépression, c’est long et ça ne se réglera pas seulement avec une pilule. C’est de grandes joies, de grandes peines, des batailles tous les jours. Il faut être patient avec les demandes, les attentes et le temps de guérison. Le temps d’exécution des tâches est plus long, parce que les personnes dépressives ont souvent de la difficulté à se concentrer. Faites juste le prendre en considération.
 
Ce qui est le fun avec ça, c’est que vous allez autant grandir l'un que l’autre. Je pense que je ne serais jamais devenue aussi adulte si Carolane n’avait pas été en dépression. Ça m’a permis de mettre en perspective un paquet d’affaires, d’apprendre à me connaître et surtout apprendre à aider mieux. Et s’il faut juste que je vide le lave-vaisselle pour aider quand je suis chez elle, ben je le fais avec grand plaisir.