Il y a une semaine, je suis retournée dans ma petite ville natale. J’étais dans une fête de village (je l'sais, trop cute) où j’ai vu des amis du secondaire avec leur partenaire et leur bébé de 2 ou 3 ans. Tout de suite, j'ai culpabilisé : 30 ans, pas de chum, pas d’enfants. J’ai un chat qui m’aime parce que je lui achète de la nourriture au thon et un locker remplie de meubles qui devaient aller dans ma future maison. J'aime bien mon célibat, mais disons que l'angoisse n'est jamais loin.
Après un moment de réflexion, j’ai enchaîné avec des jokes de p’tit village et de vie plate, sûrement pour m'autorassurer d'avoir fait les bons choix de vie. On m’a dit : « Tu sais, il existe des gens pour qui la vie de famille est intéressante, des gens qui ont voulu commencer leur vie. »
Commencer sa vie? Je fais quoi moi câlisse?! Je fais juste semblant?
Ce qui m’a le plus dérangée de ces mots, c'est que, dans le fond, moi aussi je pense comme ça parfois. J'hais ça.
Pourtant, j’ai choisi mon parcours de vie. J’ai voyagé, étudié, trouvé une job que j’aime et vécu de belles relations avec des gens avec qui j’envisageais un beau futur. J’ai bien du vécu. J'ai aucun regret, sauf peut-être la permanente. Est-ce que c'est juste du filler avant de commencer ma « vraie vie »? Comme s’il existe seulement un chemin dans la vie et que les autres ne sont que des détours avant d’aboutir sur le bon parcours.
C’est un peu ça les ruptures de fin vingtaine/trentaine finalement. C’est une crisse de grosse rivière dans le plein milieu du chemin : on peut la traverser, mais maudit qu’on est off track.
Les ruptures, c’est difficile, peu importe l’âge qu’on a. Mais celles de fin-vingtaine/trentaine, ca fuck un plan de vie solide. Vos vies d’adultes sont tellement entrelacées : maison, meubles, contrat de chez Brault & Martineau, vie sociale… c'est difficile de recommencer. Avec la rupture, on voit partir un futur.
En plus, on mélange à ça la crise de la trentaine. Oui, elle existe, même si 30 is the new 20. Il y a un mythe qu’à 30 ans, on doit avoir notre shit together. On remet tout en question et on angoisse. Plus on angoisse, plus on réalise qu’on n’a aucune espèce d’idée qu’est-ce qu’on fait. Il est où le manuel d’adulte for dummies?!?
À cet âge, tout est calculé. On ne cherche plus un partenaire d’une nuit, on se cherche un partenaire de vie. La personne avec qui vous allez vieillir, pour le meilleur et surtout pour le pire. Même si on le/la rencontre là, là, on se dit « OK, quelques années ensemble, on construit notre carrière, on fait des bébés… Je vais avoir 35 ans, si je veux que ça fit, je dois le rencontrer au plus tard deux jours passés dans 1 an ». Pu l’temps de niaiser!
Je vois seulement une solution, afin d’alléger le stress : FUCK le plan ET le chemin. Parce que dans la vie, on ne peut rien prévoir (sauf les factures, han, pis encore). Il faut aussi arrêter de comparer nos vies à celles des autres. On ne connaît pas leur histoire, ils ne connaissent pas la vôtre. Par pitié, arrêtez de culpabiliser parce que votre newsfeed Facebook affiche des robes de mariée et des nouveau-nés. Il ne faut pas s’attarder sur la trajectoire de vie qu’on s’impose, ou qu'on sent imposée par les autres. Sinon, on risque de se retrouver dans des relations médiocres, parce qu’on préfère le confort à l'idée de devoir recommencer ou pire, d’être seule.
En terminant, je laisse ça ici, juste comme ça, les mots de ma préf' de tous les temps, Gilda Radner. Parce que moi aussi j'ai manqué le cours de Vie 101.
Et vous, vous vivez ça comment la vie d'adulte et ses aléas?