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Quand vouloir performer à tout prix nous tire vers le bas
Crédit: Unsplash

Chaque matin, je me lève et j’ai peur d’échouer, j’ai peur de ne pas être à la hauteur. Je ressens ce sentiment parce que dans ma vie, je n’ai jamais été vraiment excellente dans quelque chose. Je n’ai jamais eu un talent qui me définissait.

Quand j’ai compris que ça allait être comme ça pour moi, j’ai commencé à développer mon potentiel par moi-même. Toutefois, j’ai compris assez vite que même si je développais mon potentiel et que je donnais mon maximum, ça prenait quand même quelqu’un qui le voyait, mon potentiel.

Je crois que c’est à ce moment que j’ai commencé à faire une fixation sur la performance. Je ne pouvais pas être mauvaise dans ce que j’entreprenais, je devais toujours aller plus loin et en faire plus, plus, plus. J’ai commencé à faire ce que j’appelle de l’anxiété par rapport à ma performance.

Le problème survient quand j’atteins un certain niveau de compétence et que je n’ai plus vraiment de contrôle sur ma réussite parce qu’elle dépend alors de plusieurs facteurs (autres que mon désir de performance). J’ai commencé à paralyser devant des tâches; paralyser par peur de ne pas performer ou par peur de ne pas réussir aussi bien que quelqu’un qui a du talent, que quelqu’un qui a mieux développé son potentiel que moi.

Au bac, il y avait la course à la meilleure cote universitaire et la comparaison des notes comme gages d’intelligence. À la maîtrise, c’était la recherche, les bourses, les conférences, les séminaires, etc. Il fallait toujours être le ou la meilleur.e, ça n’arrêtait jamais; meilleur.e dans son champ d’études, meilleur.e dans sa classe, recevoir des mentions, être reconnu.e par les pairs, avoir des publications dans des ouvrages scientifiques… C’était ça la game.

Mais je n’avais pas envie de jouer à ce jeu. Tout ce je voulais, c’était apprendre. Un matin, pendant ma deuxième année de maîtrise, j’ai frappé un mur. J’ai été admise à l’hôpital; j’avais la mononucléose et j’étais submergée.

J’aurais pu adresser la situation en allant voir mes profs, mais je ne l’ai pas fait. Je voyais ça comme une faiblesse, la preuve de mon incapacité à performer. Je me disais qu’il y avait tellement d’élèves aux cycles supérieurs qui pouvaient prendre ma place; je refusais de faire peser mon état de santé dans la balance.

Je ne voulais pas passer à côté de ce que j’avais bâti, je ne voulais pas manquer le bateau… alors j’ai continué comme si de rien n’était. Jusqu’au jour où j’ai compris que des bateaux, il y en avait plus d’un qui pouvait m’amener au port. Ce n’est pas parce que j’en manquais un que j’allais tous les manquer. Et si le suivant ne me menait pas exactement à la même place, c’était correct aussi.

J’ai finalement obtenu mon diplôme, mais avec le recul, si c’était à refaire, je me donnerais le temps de réfléchir – à ce que je fais et pourquoi je le fais – et je prendrais mon temps.

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