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Médication pour le TDAH, j’ai fait le saut à 23 ans
Crédit: Unsplash / @bill_bokeh

J’étais tannée d’être une étudiante bof bof en dissertations (au Bac en Études littéraires, c’est pas terrible), avoir une piètre écoute, une impulsivité à toute épreuve. Donc l’hiver dernier, j’ai fait le saut pour être diagnostiquée. Josiane m’a d’ailleurs beaucoup inspirée, elle qui démocratise la condition avec un brillant hashtag : #JojoTDAH.   

Un diagnostic de TDAH mixte avec impulsivité plus tard (btw, convaincre une neurologue que t’as peut-être un problème quand toi-même t’es pas certaine, c’est vraiment pas de la tarte), j’ai décidé de continuer ma vie comme si de rien n’était, sauf de parfois blâmer le tout sur ma condition. #JokePasJoke

J’ai continué à avoir des sautes d’humeur, à capoter devant une liste de choses à faire, à être toujours hypersensible à propos de tout et que ça monopolise mon temps. On m’avait prescrit du Concerta sans diagnostic, dans le temps, lorsque j’étais encore cégepienne. Je ne me souvenais pas de grand-chose concernant cet épisode, mis à part que je n’arrivais pas à dormir, je pleurais à l’école et je m’étais mise à peindre (?). Donc, au départ, la médication ne m’intéressait pas vraiment.   

Mais là, s’en venait un défi assez gros : l’éventualité de faire des études de deuxième cycle. Déjà que j’avais de la misère à finir une dissertation de 10 pages sans botcher, j’imaginais pas le fait que cette tâche soit décuplée. À la place de continuer à croire que neurologiquement, la maîtrise n’était pas faite pour moi, j’ai cru bon de faire confiance en mes capacités.

J’ai rencontré une psy super fine à mon université et elle m’a proposé toutes sortes d’alternatives pour régler un problème que j’évitais comme si ce n’en était pas un : les travaux longs. « Et pourquoi pas la médication? » m’avait-elle proposé. Eh bien, c’est vrai, pourquoi pas? J’ai décidé de faire le saut.

Le médecin m’a conseillé Vyvanse, ce médicament n’étant pas dans la même famille que le Concerta qui ne m’avait pas bien fait. « Vyvanse est recommandé pour les anxieux », m’a-t-il dit. On va voir ça. « Attends deux semaines avant de conclure quoi que ce soit. »  

Je connais des gens à qui le même médicament ne fait pas du tout : d’où l’importance d’en parler avec votre médecin. Pour les sceptiques qui en ont peut-être besoin, ça va faire environ un mois et demi que j’ai commencé à prendre du Vyvanse et voici mes impressions :

  • Lors de ma première journée, j’avais l’impression d’être dans un rave sous l’effet  d’une pilule magique. J’avais peur de me créer une accoutumance, j’avais peur que ce ne soit pas adapté pour moi et mon petit côté addictif, la médication. Finalement, le médecin et le pharmacien n’ont pas dit n’importe quoi. Ça a véritablement pris du temps avant de créer l’effet désiré.

(La vérité c’est qu'en le prenant en continu, à la dose adaptée, on ne se rend plus compte de l’effet. C’est-tu ça, l’effet, au fond? Oublier le médicament tandis que notre vie bat son plein ?)

  • ​Puisqu'en plein après-midi, j’avais envie de brailler et de boire tous les cafés du monde pour vaincre le reste de la journée, j’ai décidé d’augmenter ma dose. Étant plutôt impatiente, j’ai ressenti de la frustration puisque cette tentative de médication ne marchait pas à 100 % du premier coup.

    Scène un, prise deux. Avec une dose qui me semble jusqu'à présent appropriée. 
     

  • On dirait que tout n’est plus une montagne. J'ai l’impression que je peux tout faire et que ça va prendre le temps que ça va prendre. Je me sens moins découragée et davantage prête à get shit done.
     
  • Je ressens encore de l’anxiété, mais le best, c’est que ça ne dure pas une éternité. Je ne passe pas de longues périodes à me ronger les sangs. J’ai une meilleure conscience du moment présent et je réalise que mon temps est précieux (j’ai par contre encore BEN GROS de la difficulté à le gérer).
     
  • Je me sens moins overwhelmed facilement, je me sens plus détachée de tout ce qui m’environne et donc, je peux avoir une pensée plus critique face à mes décisions. Je suis encore moody : prendre une pilule n’empêche pas le fait qu’on doit adopter de saines habitudes de vie, ça ne règle pas l’humeur et les défauts, mais pour moi, ça les stabilise légèrement.
     
  • Le soir, je suis fatiguée pour vrai (quand j’ai pris le médicament assez tôt). J’ai pas d’énergie pour entamer 10 000 affaires avant de me coucher, comme avant. Ça m’apprend donc à prendre du temps pour moi dans la journée et non pas réserver que quelques minutes à moi-même (car ça ne marchera pas). La routine qui entoure la prise de médicaments, m’oblige, mine de rien, à mieux prendre soin de moi.

Et donc, roulements de tambours : est-ce que Philippe Laprise avait raison à propos de la révélation que ça fait de prendre la bonne médication pour la première fois? Est-ce que mon cerveau avait réellement besoin de lunettes? Je sais pas trop.

Mais hier, je suis allée voir mon petit frère jouer au hockey et j’ai écouté la game POUR DE VRAI. Avant, c’était impossible de me concentrer sur une rondelle tandis que Crazy Frog jouait dans le tapis pis que je pensais à 4000 affaires sauf à ce qui se passait devant mes yeux. C’est un peu ça que ça me fait dans le fond, Vyvanse. Ça m’empêche de me pitcher d’un bord pis de l’autre dans mes pensées, ça m’ancre dans le présent. J’ai l’impression que c’est mon tour d’être posée, que moi aussi je peux gérer et surtout, ME gérer.

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