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La malédiction du perfectionnisme

Auteur: Kanica Saphan
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La malédiction du perfectionnisme
Crédit: Unsplash

Dans le cadre de mon travail en pratique privée, je n’ai pas encore trouvé de vrais avantages à être perfectionniste. Le perfectionnisme fait partie de la même catégorie que les hautes attentes, sauf que la particularité du perfectionnisme, c’est que les perfectionnistes s’attardent sur des détails. Exceller n’est pas suffisant pour ces personnes; il leur faut atteindre la perfection, et il est important de savoir faire la différence entre ces deux concepts.

 

La quête de la perfection n’est pas sans conséquence pour la santé mentale et il y a un nombre considérable d’études qui démontrent que le perfectionnisme est un facteur de vulnérabilité pour certaines conditions comme la dépression, l’anxiété, les troubles alimentaires et le suicide. Il existe d’ailleurs plusieurs types de perfectionnisme, qui sont chacun associés à des problèmes différents.

 

Il y a le perfectionnisme socialement prescrit, c’est-à-dire la croyance que les autres nous valorisent seulement si nous atteignons la perfection. Ensuite, nous avons le perfectionnisme orienté vers les autres, qui se traduit par la perfection exigée envers nos partenaires, notre famille, nos collègues, etc. Puis, il y a le perfectionnisme orienté vers soi.

 

Facile d’imaginer les répercussions que ça peut avoir sur nos vies et nos relations. Le perfectionnisme est un vrai problème, et nous avons tendance à le voir comme si les gens faisaient le choix personnel de l’être, quand c’est plutôt une malédiction parce que c’est comme avoir une version de vous, constamment sur votre épaule, qui vous susurre dans l’oreille « tu n’es pas assez bon.ne ». Dans certains cas, le perfectionnisme est un cocktail de standards personnels ridiculement élevés mélangés avec de l’autocritique bien amère.

 

J’entends parfois des gens me dire « En étant perfectionniste, ça me motive », sauf que baser sa motivation sur des critères de presque-perfection n’est pas sain, en réalité, et beaucoup moins soutenable que de baser sa motivation sur des critères intrinsèques enveloppés d’une grosse couche de douceur envers soi-même et d’empathie.

 

En plus de ça, comme nous baignons dans une culture qui valorise la productivité et les overachievers, je comprends que ça peut être difficile d’accepter que faire du jogging à un rythme relax, avec des pauses, est moins « admirable » que de sprinter en se fouettant le dos nous-mêmes. Le perfectionnisme amène les gens à faire ça, pour faire 3 tours de pistes de plus que nécessaire.

 

Il n’y a pas de remède simple pour le perfectionnisme. Il n’y a pas de phrases magiques que les sexologues, psychothérapeutes ou psychologues vous diront qui pourraient effacer vos tendances perfectionnistes, parce que la question qui sous-tend cet enjeu est large : pourquoi avons-nous intériorisé l’idée que pour avoir de la valeur, en tant qu’humain, il faut non seulement performer et exceller, mais être parfait?

 

Ayons beaucoup d’empathie envers les perfectionnistes de notre entourage. Si vous en êtes un.e, donnez-vous le temps et l’espace pour vous détacher de cette tendance sans avantage, et prenez le temps d’explorer les peurs qui y sont associées : est-ce que j’ai besoin qu’on m’accepte? Est-ce que j’ai besoin qu’on prenne soin de moi? Est-ce que j’ai besoin qu’on me valide?

 

 

Je m’appelle Kanica Saphan, je suis sexologue et je peux répondre à vos questions sur les relations interpersonnelles, les difficultés affectives et sexuelles. Si vous aimeriez me rencontrer en séance individuelle ou de couple, vous pouvez me contacter via ma page Facebook Le Sofa Sexologique. À bientôt!

 

Référence

Benson, E. (2003). The many faces of perfectionism. Dans American Psychological Association. Récupéré le 27 mai 2020 de https://www.apa.org/monitor/nov03/manyfaces

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