J’ai toujours été du genre à me refermer sur moi-même et à ne jamais divulguer mes vraies émotions, car c’est comme cela que j’ai été élevée. Laissez-moi vous expliquer; je viens d’une famille haïtienne dans laquelle on ne parle pas de sentiments et de santé mentale. Ça ne se fait tout simplement pas chez moi. Je me suis surprise moi-même lorsque j’ai décidé de dévoiler sur Internet, dans mon premier article publié ici, que je souffrais d’une dépression sévère.
Je me sentais prête; je voulais que mon entourage découvre cet aspect de ma vraie personne. J’admets aussi que j’ai choisi de partager mon témoignage sur Internet parce que je sais pertinemment que ma mère n’est pas sur Facebook et donc, qu’elle ne le saura pas. J’ai décidé de l’exclure de ma révélation, car je me souviens encore que lorsque j’avais 16 ans et que mes premiers symptômes de dépression sont apparus, elle m’a regardée dans le blanc des yeux et m’a dit « [d’]arrêter de faire la folle et de [me] comporter comme une personne normale ». Ce fut la dernière fois que j’ai essayé de lui parler de mes émotions.
Mais maintenant, j’ai eu le courage de le dire au monde avec le soutien de mon copain. Je dois l’avouer, il a été très patient et présent. Je n’arrêtais pas de lui donner une porte de sortie, mais chaque fois, il me rassurait en me répétant qu’il était là pour le bon et le mauvais. J’avais besoin de l’entendre chaque jour et il le savait. Il a été le premier à être fier de mon courage et de ma détermination, mais j’avais peur de la réaction de mon entourage malgré tout.
J’ai vite réalisé que j’avais tort d’avoir peur. Je ne m’attendais pas à avoir un tel nuage d’amour dirigé vers moi après la publication de mon article. Les gens ont commenté et m’ont dit que ce que je faisais était courageux et qu’ils étaient de tout cœur avec moi. Certaines personnes m’ont même envoyé un message privé pour savoir comment j’allais, me demander si j’avais besoin de parler et me dire qu’ils étaient là pour m’écouter. Je crois que je n’ai jamais ressenti une vague d’amour aussi pure.
Mais la réaction qui m’a le plus touchée est celle de ma belle-mère. Cette femme-là est mon modèle dans la vie, et ce, dès la première fois que je l’ai vue. La mère de mon copain m’a toujours accueillie à bras grand ouverts, comme si j’étais sa propre fille et lorsqu’elle a su la nouvelle, elle n’a pas voulu commenter sur Internet. Elle m’a appelée et malheureusement, je ne pouvais pas répondre à ce moment-là. Quand j’ai écouté le beau message qu’elle m’a laissé, j’ai fondu en larmes. Elle m’a dit qu’elle m’aimait, qu’elle aurait voulu le savoir pour être là pour moi et qu’elle avait beaucoup de peine de ne pas l’avoir remarqué par elle-même.
Elle a eu exactement la réaction que j’ai tant souhaité obtenir de ma propre mère quand j’avais 16 ans. Donc, je voulais prendre le temps de la remercier du fond du cœur. Merci de toujours être là pour moi et de m’accepter comme je suis. Je t’aime, Claire.
[spacer title= »Ton Petit EXTRA »]
Du 4 au 10 mai, c’est la Semaine de la santé mentale portée par l’Association canadienne pour la santé mentale et son porte-parole, le psychologue Marc-André Dufour, adresse plusieurs phrases clichées que nous avons tous et toutes (malheureusement) trop entendues… N’est-ce pas?
Une autre belle occasion de nous rappeler l’importance de prendre soin de nous et d’aller chercher de l’aide lorsqu’on en a besoin!
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