10 raisons pour lesquelles la mode durable est l’avenir et 10 raisons pour lesquelles elle est en difficulté

La fabrication de vêtements produit des montagnes de tissus. Tout cela finit par se retrouver dans une décharge. Ces robes en polyester bon marché achetées pour 12,99 dollars sont invariablement jetées au bout de deux week-ends lorsqu’il s’agit de les mettre en pièces dans la blanchisserie. La mode durable offre une réponse à ce cycle en réutilisant, en recyclant et en ralentissant tout simplement le processus.

Lorsqu’une chemise est fabriquée en coton biologique et cousue avec soin, la différence se fait sentir au niveau de la durabilité. Par exemple, les coutures ne se défont pas après un seul lavage et les boutons ne se détachent pas comme des bouchons de champagne. Les vêtements conçus pour durer peuvent vraiment durer.

La recherche d’alternatives naturelles encourage l’innovation. Qui aurait pensé que les fibres de banane pouvaient être filées en tissu soyeux, ou que le denim pouvait être teint avec des champignons ? Ces expériences sont la preuve que la nécessité est vraiment la mère de l’invention. La mode ne se contente pas de suivre l’avenir, elle l’invente parfois.

Nous avons tous entendu parler des ateliers clandestins qui emploient des enfants pour un dollar par jour. Lorsque les marques s’engagent en faveur du développement durable – en plus de salaires équitables et de conditions de travail sûres -, elles améliorent l’ensemble du processus, du début à la fin. Ce changement, aussi minime soit-il, est révolutionnaire.

La génération Z se méfie de l’écoblanchiment, certes, mais elle est aussi plus encline à exiger des réponses de la part des entreprises engagées dans des pratiques douteuses. Où ce produit a-t-il été fabriqué ? Par qui ? Les jeunes acheteurs se sentent concernés, même s’ils ne peuvent pas toujours se permettre de suivre leur instinct moral.

Les marchés de producteurs ne se limitent pas à l’alimentation. Ils offrent une plateforme aux créateurs de petites séries et aux artisans locaux. Ensemble, ces entreprises locales font partie intégrante du mouvement de durabilité. Leurs produits sont faits à la main, locaux et généralement de meilleure qualité que ceux produits à l’étranger.

Une vérité peu glorieuse de la mode est que les marques brûlent les vêtements invendus, mettant littéralement le feu à des vêtements en parfait état. Les pratiques durables favorisent les petites séries, les précommandes ou les modèles fabriqués sur commande. Il y a donc moins de feux de denim dans les entrepôts.

Soyons honnêtes, les gens s’intéressent à l’optique de nos jours, peut-être plus qu’à tout autre moment de l’histoire. Les vestes vintage, les robes en lin de marques éthiques et les sacs fourre-tout recyclés portant des slogans en caractères gras génèrent du trafic sur les réseaux sociaux. Être un consommateur conscient a désormais sa propre esthétique. Et l’esthétique fait vendre.

Une seule paire de jeans peut nécessiter des milliers de litres d’eau du début à la fin. Cela peut vous paraître surprenant, mais il est remarquable de constater à quel point la fabrication de vêtements peut être une source de gaspillage. Si vous passez au coton biologique ou à la production en circuit fermé, ce chiffre diminue soudainement. Ce n’est pas très glorieux, mais c’est important.

Les vêtements ne sont pas seulement des tendances jetables lorsqu’ils sont liés à la durabilité. Ils deviennent des symboles de responsabilité et de rébellion contre la culture du jetable. Le mouvement BIFL (buy it for life) encourage les consommateurs à acheter des produits qui dureront des années, voire des décennies. Le tee-shirt que vous avez récupéré ou la veste fabriquée à partir de fibres recyclées sont porteurs d’une histoire de permanence et de renouveau.

Voici maintenant dix raisons pour lesquelles, malgré toutes nos bonnes intentions, la mode durable est hors de portée pour beaucoup.

Lorsque l’on vit au jour le jour, il est facile de choisir entre une robe de 150 dollars fabriquée de manière durable et une robe de 20 dollars fabriquée à la va-vite. Devinez laquelle la plupart des gens choisissent, surtout lorsque le loyer est dû. L’éthique n’est pas toujours à la portée du budget moyen.

Vous voyez une étiquette de coton biologique ou de polyester recyclé et vous vous rendez compte que vous ne savez pas exactement pourquoi cela vaut la peine de payer plus cher. Ne devrait-il pas être moins cher s’il est recyclé ? Les labels écologiques s’empilent comme une soupe à l’alphabet. Beaucoup d’entre nous n’ont ni le temps ni la patience de décoder ce qui est vrai et ce qui est de l’ordre du marketing.

La mode durable est souvent perçue comme un club réservé à l’élite fortunée ou aux étudiants snobs de l’Ivy League. Les gens normaux parcourent le catalogue des tons terreux minimalistes, puis écoutent les influenceurs parler de « garde-robe capsule » et décident que tout cela sent le snobisme à plein nez. Tout le monde n’est pas concerné par ce mouvement ou n’a pas les moyens de l’être.

Il faut bien l’admettre, la vie quotidienne se déroule à une vitesse vertigineuse. Lorsque nous avons besoin de rafraîchir notre garde-robe, nous devons généralement le faire l’après-midi même pour un événement quelconque. Attendre des semaines pour obtenir un vêtement sur mesure semble désuet lorsqu’Amazon peut vous fournir une nouvelle tenue dès le lendemain après-midi. La patience n’est plus de mise.

Pour chaque startup durable, il y a une centaine de géants de la fast fashion qui produisent des vêtements à la tonne. Zara, Shein, H&M – pour n’en citer que quelques-uns – ne s’arrêtent pas. La machine éclipse toutes les alternatives écologiques avec une telle marge que l’on ne peut s’empêcher de se demander quel est l’intérêt de nager à contre-courant.

Les petites marques durables peuvent être éthiques, mais dès qu’elles essaient de se développer, les fissures commencent à apparaître. À mesure qu’elles grossissent, leurs coûts augmentent et les contraintes logistiques de la chaîne d’approvisionnement se compliquent. Il devient alors très tentant d’accepter quelques compromis calculés qui sapent leur mandat initial.

Les spécialistes du marketing mentent – c’est aussi simple que cela. Ils apposent une icône de feuille sur l’étiquette, la qualifient d’écologique et passent à autre chose. De nombreuses marques exploitent le langage de la durabilité sans modifier leurs pratiques réelles. C’est du rouge à lèvres sur un cochon.

Le thrifting demande du temps et des efforts. Acheter moins, c’est plus de lessives, plus de réparations et plus de visites chez le tailleur pour des retouches. Louer des vêtements pour des réceptions officielles semble être une bonne idée jusqu’à ce que la livraison soit en retard ou que les vêtements sentent la centaine de personnes qui les ont loués avant vous. Les gens optent toujours pour la commodité.

La mode n’est pas qu’une question de tissu, c’est aussi une question de psychologie. Les gens ont envie de ressentir le frisson d’un nouvel achat et cette petite décharge de dopamine à l’arrivée du colis. Demander aux gens d’acheter moins, de réparer plus et de chérir la longévité va à l’encontre de la culture de consommation.

Les célébrités traversent des océans entiers en jet privé pour promouvoir des lignes de mode « écologiques ». Les influenceurs commandent des produits durables massifs rien que pour le contenu, puis s’envolent pour passer la semaine suivante sur un yacht quelque part. Le message est souvent noyé dans le bruit de l’hypocrisie.