Il y a environ quatre ans, j’ai rencontré une personne qui allait devenir un très bon ami à moi. Cette personne m’a très rapidement donné le titre de « meilleur.e ami.e » et curieusement, cela me gênait légèrement. J’ai toujours un peu de mal avec le terme « meilleur.e ami.e », peut être parce que je n’ai jamais vraiment considéré quelqu’un comme tel, mais aussi parce que ça implique beaucoup de réciprocité.
Il arrive de ne pas toujours être sur la même longueur d’onde en tant qu’ami.e.s et c’est normal! Mais qu’en est-il lorsque nos besoins de base en amitié divergent complètement? C’est ce qui est arrivé avec cette personne, notamment à la suite de mon déménagement dans une autre ville.
Plusieurs autres nouveautés sont arrivées dans ma vie en peu de temps, dont un retour à l’école, de nouveaux contrats de travail et une pandémie qui ne finit pas, entre autres. Ça fait beaucoup d’apprentissages, de nouveaux défis et, qu’on le veuille ou non, ce sont des choses qui peuvent mettre à l’épreuve une amitié. Mon ami et moi tentions de garder le contact malgré la distance, surtout par téléphone, mais j’ai commencé à me sentir de moins en moins impliqué.e dans nos conversations. Je ne savais jamais quoi lui dire et je le laissais parler la plupart du temps. Lui, de son côté, tenait à m’appeler très régulièrement et surtout, à me revoir en personne.
Au début, je refusais d’admettre que cette amitié prenait un sens unique. Après tout, cette personne me voulait du bien et c’était la moindre des choses que je fasse un effort pour la revoir! Mais il est devenu évident que la relation ne subsistait que par des liens qui ont été faits dans le passé et qui étaient en train de se distendre. La distance n’était pas seulement géographique: nous avions beaucoup moins de choses en commun à présent. Nous nous sommes revu.e.s quelques rares moments, mais je n’en retirais rien de vraiment positif.
J’ai certain.e.s ami.e.s que je ne vois qu’une ou deux fois par année en dehors de quelques conversations par texto et c’est vraiment correct. Nous sommes toujours content.e.s de nous voir et rien n’est perdu, même avec la distance géographique ou les trains de vie différents. Je me disais qu’avec cet ami, je n’avais qu’à faire pareil et avoir simplement moins d’interactions avec lui, mais ce n’est pas du tout ce qu’il voulait. Ça lui faisait de la peine que je lui parle de mon besoin d’espace et j’ai réalisé que nos besoins en amitié étaient vraiment différents.
J’ai éventuellement mis fin à notre amitié. Une chose difficile à faire quand il n’y a jamais eu de violence ou de grosses chicanes, surtout quand l’idée de la rupture n’est pas réciproque. Il n’a rien voulu entendre, mais n’a pas eu d’autre choix que de respecter cela. Pendant longtemps, j’ai regretté la manière dont ça s’est terminé, car j’ai été hésitant.e longtemps avant de faire part de mes véritables intentions. Je trouvais toujours des excuses pour poursuivre cette amitié même si elle ne me convenait plus.
En fin de compte, je ne crois pas que c’est la distance qui a mis fin à notre amitié, mais que cette dernière a mis en évidence des problèmes déjà présents dans notre relation. Nous étions en désaccord total sur notre façon de l’entretenir et on ne pouvait pas forcer l’autre à s’adapter à nos besoins sans entente possible. Pendant longtemps, je me suis demandé si j’aurais pu faire mieux pour préserver notre amitié, mais j’étais allé.e jusqu’au bout.
J’espère vraiment que depuis, il se porte mieux et qu’il reste bien entouré, mais je ne regrette aucunement ma décision.