Non-binaire et féministe: oui, ça se peut!

Cela fait quelques années que j’ai compris que je suis une personne non binaire. En revanche, je commence tout juste à sortir du placard. Je suis heureux.se que l’on me pose des questions, car je vois qu’il s’agit d’une réalité sur laquelle de nombreuses personnes s’interrogent. Une question revient souvent et j’avoue que moi-même, je me la suis posée à plusieurs reprises.

Puisque je suis non binaire, est-il possible pour moi de continuer d’être féministe?

Je vais vous donner la réponse tout de suite: oui! Sans hésitation.

Je crois fondamentalement que le féminisme peut toucher toute personne qui s’identifie en tant que femme, partiellement ou totalement, ainsi que toutes les personnes qui ont expérimenté la réalité d’être une personne assignée femme à la naissance (les personnes non binaires et les hommes transgenres, par exemple).

En tant que personne assignée femme, j’ai été élevé.e en tant que femme et j’ai actuellement une expression de genre que l’on qualifierait généralement de féminine. Les personnes qui me voient dans la rue déduisent en quasi-totalité que je suis une femme, et ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de changer. Il est par ailleurs important de rappeler qu’être non binaire ne signifie pas forcément d’avoir une expression neutre ou androgyne, mais je me prononcerai là-dessus un autre moment.

Je reconnais être passé.e par beaucoup de formes de stigmatisation directement reliées au genre qui m’a été assigné. Par exemple, j’ai déjà reçu des commentaires dégradants sur mon apparence physique et ma manière de m’habiller si elle n’était pas jugée correspondante à la mode féminine.

J’ai également vécu du harcèlement et du slutshaming, plus particulièrement à un moment de ma vie où je vivais ma sexualité librement sans avoir envie que cela débouche sur une relation de couple.

J’ai ainsi connu la violence basée sur des rapports de force qui me déstabilisaient, engendrés par des hommes cisgenres*. Encore actuellement, c’est quelque chose que je ressens souvent et qui me touche profondément. Je me tiens au courant de nombreux enjeux féministes et intersectionnels afin de tenter de comprendre toutes les réalités des personnes affectées par les enjeux reliés au sexisme. Je vais à des manifs, je lis, j’écris, je parle.

Pour conclure, je tiens à rappeler que pour un féminisme inclusif, il est important de mettre des mots sur nos réalités et de ne pas nous laisser de côté. Nous exclure renverrait à l’idée que nos vécus ne sont pas valides. Nos identités de genre ne devraient tout simplement pas être un frein à l’expression des problématiques que nous vivons ni à nos droits.

*Cisgenre: Terme employé pour décrire une personne qui s’identifie à son genre assigné à la naissance.