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La classe de Mme Myriam
Crédit: Unsplash

Septembre 2015. Myriam, jeune finissante en science de l’éducation, la passion au cœur, la tête pleine de projets, a finalement sa classe. Sa classe à elle. Enfin! Coup de chance. Fini la suppléance. Fini de passer d’une école secondaire à l’autre. Enfin, une tâche pleine. Pleine de rêves, de possibilités et de futures réussites. Pleine d’élèves à elle!

Les années se sont écoulées. Myriam est toujours capitaine de sa classe. Sa classe à elle. Avec ses élèves à elle. Ses élèves qu’elle aime. Et qu’elle aime parfois détester, le temps d’une mise au point sur le volume endurable dans sa classe. Pourtant, quelque chose a changé. Ce n’est pas son amour pour l’enseignement, ni pour le français de deuxième cycle au secondaire. Ce sont ses épaules qui se font plus lourdes. Son cœur qui chavire de plus en plus en voyant l’inévitable qui se pointe.

Myriam adore l’enseignement. Ses élèves. Ses collègues. Mais Myriam n’en peut plus de devoir choisir. Devoir choisir entre corriger bénévolement un vendredi soir ou avoir une soirée en amoureux avec son copain. Devoir constamment choisir entre sa vie professionnelle qui déborde jusque dans son appartement sur Hochelaga, ou sa vie d’adulte durement gagnée après 4 ans d’études universitaires, et 4 stages non rémunérés. Aucun professeur ne lui avait dit que la non-rémunération allait continuer, même après avoir gagné sa classe. Parce que la réalité enseignante est là.  On scande haut et fort que c’est un métier difficile, une vocation (Myriam déteste se faire dire ça!). Beaucoup de : « Je ne le ferais tellement pas! T’es bonne de gérer ces kids-là! »

Pourtant, le gouvernement ferme les yeux. Encore et encore. Laissant les jeunes enseignants et enseignantes devenir une statistique. Devenir la triste statistique du quart des diplômés en science de l’éducation qui doivent quitter. Devoir quitter, avant d’y laisser sa peau et sa santé mentale.

Mme Myriam, ce n’est pas seulement une ancienne enseignante. Mme Myriam, c’est aussi beaucoup trop d’anciens enseignants qui ont dû quitter leur passion pour survivre. Mme Myriam, c’est encore trop de jeunes enseignants qui quitteront le cœur gros, leur classe difficilement gagnée. Qui enlèveront leur nom de leur porte de classe, les larmes aux yeux, en laissant derrière eux un rêve de changement dans le domaine de l’éducation, un rêve qui tarde trop à arriver. Depuis trop longtemps.

 

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