Mise en contexte. On est dimanche, je finis une semaine, et une autre commence très bientôt. Je regarde mon agenda et tout ce que j’ai fait et accompli dans les 7 derniers jours. Je note ce que je n’ai pas fait ou que j’ai dû reporter. Mon petit bilan hebdo. Et là, me vient une belle métaphore pendant que je constate le temps passé par catégorie: social, école/travail, me time et tâches diverses.
On la connaît bien cette image d’une personne sur un fil de fer au-dessus du gouffre tenant de peine et de misère des assiettes qui représentent sa vie sociale, ses intérêts, ses besoins, ses objectifs. Cette image-là me reste souvent bien ancrée en tête quand je finis une semaine à jongler entre études, activités sociales, hobbies et selfcare. J’ai l’impression de toujours avoir échappé une assiette ou deux en cours de route et de ne pas avoir réussi à la rattraper.
C’est justement durant ces bilans hebdomadaires que je me rends compte à quel point j’ai « trop » étudié, que je n’ai pas « assez » pris soin de moi; que j’ai « trop » joué à des jeux vidéo, que je n’ai pas vu « assez » (quand c’est permis, on s’entend) mes ami.e.s et ma famille; que je n’ai pas « assez » fait de sport… Bref, la liste continue.
Je ressens cette pression de toujours tout devoir équilibrer; c’est la clé de la réussite n’est-ce pas? Il faut prendre du temps pour soi, se faire couler un bain chaud avec de la mousse, mais il faut aussi prendre 1h chaque jour pour lire. Je dois absolument mettre 6 à 9h d’études par jour sur mes cours universitaires, mais je dois aussi faire 1h d’exercice physique. À ne pas oublier non plus que je dois voir mes proches pour passer du bon temps, mais je devrais aussi réseauter dans mon domaine professionnel. Dans toute cette histoire-là, je dois aussi prioriser selon mes objectifs de carrière et de vie. Et à la fin, je dois avoir eu un équilibre.
J’en ai le tournis. Je me casse la tête à me faire des horaires, à planifier mes semaines pour garder cet équilibre. Parce que c’est ça qu’il faut faire, garder l’équilibre. Faire un peu de tout sans excès ni sans trop de lestes. Parce que trop c’est comme pas assez, et pas assez, c’est comme trop. Je ne sais pas trop à quel moment j’ai internalisé cette idée-là que je devais tout équilibrer. Je sais simplement que je me le suis faite souvent répéter, un peu comme un mantra de méditation.
Le problème, c’est qu’à force de vouloir tout bien balancer, je m’épuise à en faire « trop » ou à l’inverse, je me culpabilise à ne pas en faire « assez ». Je me rends compte aussi que la définition de « trop » et de ne pas « assez » est tellement vague et tellement subjective à chacun. Je le base sur quoi, mon équilibre? Où est cette fameuse formule mathématique magique qui me permettra d’optimiser mon temps pour faire un peu de tout, et ce, dans les bonnes proportions?
Et si j’arrêtais d’essayer de garder l’équilibre aussi fidèlement? Je me mets tellement de pression pour ne pas en faire « trop ». J’ai tellement peur de ne pas en faire « assez ». Au final, je ne pense pas vraiment profiter des bienfaits de ce foutu équilibre, pardonnez-moi mon langage.
Et si je me laissais un peu tomber dans l’excès et dans le leste? Après tout, qu’est-ce que ça peut bien changer si je passe une semaine complète à étudier, puis celle d’après à dormir? Si une semaine, je vois des amis tous les soirs (encore une fois, quand c’est permis), puis la semaine suivante, je me plonge dans un univers imaginaire animé?
Parce que c’est pas un peu ça aussi l’équilibre: savoir le perdre, de temps en temps, en lâchant prise? Je commence à me dire que si je respecte mes besoins et mes engagements (parce que l’engagement est ma valeur la plus sacrée), ma balance peut bien pencher d’un bord où de l’autre de semaine en semaine.