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Un Noël sans rassemblements et la rage au cœur
Crédit: Unsplash
Depuis que notre Premier ministre a annoncé, au début du mois de décembre, que les rassemblements étaient tous annulés à Noël en zones rouges, je rage en silence. Je rage en silence, aujourd’hui ici par écrit, mais peut-être pas pour les raisons que vous pensez.
Personnellement, dans ma bulle de nouvelle maman d’un bébé de 9 mois qui me surprend parfois avec des réveils nocturnes et ne s’endort plus aussi facilement n’importe où qu’avant, je suis plutôt soulagée. Soulagée de ne pas la promener d’un bord et de l’autre pour une nuit ou deux, la coucher chez mononc’, la réveiller pour la mettre dans l’auto et la rendormir à l’hôtel. Soulagée de ne pas veiller jusqu’aux petites heures du matin pour profiter du party et me relever quand même à 6h pour accueillir une p’tite patate heureuse de commencer sa journée. Soulagée, honnêtement, de ne pas me préoccuper de l’immense dette de sommeil et de l’irritabilité qui seraient inévitablement apparues au lendemain des Fêtes avec nos plans habituels de famille et amis. Soulagée que nous soyons tous dans la même situation; un Noël sur pause. Ça aurait été vraiment génial, mais bon, on se reprendra l’an prochain, c’est tout! Pas question de mettre en danger nos parents ou de tricher, non?!
Sauf que voilà ce qui me fait rager. Nous ne sommes pas tous dans la même situation. Nous ne prévoyons pas tous un Noël sur pause.
Je sais, nous savons tous, que des personnes dans nos entourages, famille ou amis, prévoient se rassembler. Peut-être est-ce vous, qui me lisez.  Alors que ce Noël pourrait en être un de solidarité les uns pour les autres, pour le personnel de la santé, pour les personnes plus vulnérables, pour le principe de la vie en société, certains ont décidé d’en faire autrement.
Je m’en explique mal les raisons. Ils en ont peut-être vraiment besoin. Ils ne croient peut-être pas à la réalité de cette pandémie. Ils se pensent peut-être au-dessus des règles de la santé publique. Je ne sais pas. J’ai de la difficulté à demeurer rationnelle dans mes réflexions, parce que je suis tellement soufflée et stupéfaite et enragée de ce que je vois seulement comme de l’égoïsme sans bornes. Je suis sidérée de tant d’insouciance, de prendre en toute connaissance de cause des risques pour soi et les autres. Et comme la vie est bien injuste, je sais très bien que ce sera sans conséquence pour nombre d’entre eux.
Depuis le début de toute cette histoire de COVID-19, certaines personnes agissent comme si les règles ne les concernaient pas et cela a des impacts sur nous tous: les cas se multiplient et les règles se resserrent. Ce sont les « bons citoyens », ceux qui tentent de respecter les règles et s’isolent, se coupent de leur famille et restreignent leurs activités, qui en paient les conséquences. Et le terme « bons citoyens » est entre guillemets parce qu’on se fait aussi traiter de moutons. Sans commentaires.
Je conçois que ce soit dur de renoncer à nos traditions de Noël (on pourrait en débattre pour plusieurs raisons) et je conçois que ce soit très difficile de ne voir personne: moi aussi, j’ai pleuré une shot lorsque tout nous a été retiré. J’ai pleuré une shot aux 28 jours d’octobre, puis à ceux de novembre, puis à l’annonce que cela s’étirerait au moins jusqu’au 11 janvier. Moi aussi, j’en ai assez de voir défiler les jours où je ne vois personne, où je me sens seule. Je conçois qu’on considère que le virus n’est pas si imposant lorsqu’on est jeune et en santé, qu’on a tous déjà eu une grippe…!
Oui, je conçois tout ça. Et on voit en masse d’affrontements entourant ce délicat sujet sur les réseaux sociaux, qui ne font définitivement pas ressortir le plus beau des humains par les temps qui courent. Mais non, ça n’excuse pas pour moi le nombrilisme sans fin que représentent les soirées secrètes qui s’organisent présentement aux quatre coins de la province.
Nous sommes tous dans ce bateau, mais certains ont décidé de faire comme s’ils étaient les seuls maîtres à bord et ça me poignarde. Je pensais que nous étions moins individualistes. Et je m’inclus dans cette affirmation.
J’ose espérer que ceux qui prévoient des Fêtes en famille et entre amis auront au moins la décence de ne rien mettre sur les réseaux sociaux. Pas besoin de verser dans l’arrogance et de s’assumer autant que ça, merci. Ce n’est pas être hypocrite, rendu là, c’est d’avoir de la décence.
Je suis en paix avec l’idée de passer Noël seule chez moi avec ma petite famille, mais enragée à l’idée de le faire pendant que d’autres iront se partager les microbes tout en nous assurant un début de 2021 plein de nouveaux cas de COVID qui nous pénaliseront encore, surtout considérant que plusieurs d’entre eux seront « épargnés » ou asymptomatiques et s’en sortiront avec encore moins de scrupules.
Soyons solidaires, me semble que ça ne serait pas si difficile, non? C’est pas ça, la magie de Noël?!
Crédit : Giphy
Pour conclure plus calmement: j’ai observé que lorsque je fais sortir la vapeur avec toute la colère nécessaire, je me sens beaucoup mieux. Ce texte est clairement une thérapie (et idéalement une campagne de sensibilisation), j’espère seulement ne pas vous avoir donné la rage!
Passez de joyeuses Fêtes!
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