Ces derniers mois ont été difficiles pour moi. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais même des tâches simples comme faire mon ménage ou avancer dans ma paperasse pouvaient prendre des heures ou tout simplement prendre le bord et être remises indéfiniment. Je ne peux pas vous cacher que c’était loin d’augmenter mon estime. Mais c’est en tant que personne qui avance encore à pas de tortue et qui a une liste à faire qui n’en finit plus que j’ai quand même décidé de m’arrêter pour écrire, car j’adore cela et je ne l’ai pas fait depuis si longtemps. D’abord, par « manque de temps » mais aussi par manque de confiance en mes capacités. Bien plus souvent qu’autrement, c’est ça la solution : arrêter de s’en demander et se permettre de prendre une pause, se permettre de diminuer ses exigences.
Je vis avec une partie de moi depuis plusieurs mois qui me dit « Fais plus ci, fais plus ça et surtout cesse de procrastiner ». Il y a une journée où j’étais tellement découragée de ne pas me voir avancer que j’ai pris mes écouteurs et j’ai écouté sans cesse des vidéos YouTube de motivation pour m’assurer de ne pas écouter ma tête qui me disait qu’elle n’avait pas envie de faire les tâches. Ce n’est pas que c’est « mauvais » en soi. Parfois c’est OK de se dire de se relever dès qu’on tombe ou de se dire de continuer à courir même si on ralentit.
Cependant, parfois, quand on tombe on a peut-être besoin de rester un peu allongée et de vérifier que tout est en ordre avant de réellement se relever et même une fois debout, il est fort possible que l’on doive avancer beaucoup plus lentement pour éviter de se blesser à nouveau et ça, c’est très sain et plus qu’acceptable! Parfois aussi, si on ralentit quand on court, c’est parce que notre corps nous dit « Hey, je ne peux plus suivre » … Alors, oui, c’est OK de prendre une pause avant de poursuivre notre route.
Je pourrais utiliser toutes les métaphores possibles, mais je pense que le message est clair : nous ne sommes pas des machines, on ne peut pas se demander constamment de performer, avancer ou sourire même quand nous sommes tristes et d’en faire plus lorsque nous sommes épuisé.e.s. De toute façon, si on continue de se battre, si on continue de ne pas s’écouter, il y a des fortes chances que notre corps nous le fasse « payer ». L’épuisement professionnel, les douleurs et maux physiques ne sont que quelques exemples de messages que le corps nous envoie pour nous rappeler l’importance de prendre soin de soi.
Puis encore là, il y a de fortes chances que vous fassiez la sourde oreille à ces messages (je le sais, car on dirait que moi-même, j’ai souvent les oreilles remplies de bouchons bien puissants), par exemple en allant chez le physio deux fois/semaine et en demandant à ce qu’on vous guérisse et vite pour continuer le sport vos activités habituelles, ou encore en ne prenant pas de vacances, car malgré la fatigue il ne faudrait pas en plus que vous deveniez la personne qui a des problèmes financiers…
Eh bien, croyez-moi sur parole, plus vous allez faire ça et plus votre corps va crier fort, car votre corps est comme une maman ours qui prendra tous les moyens pour vous protéger, quitte à vous faire apprendre la leçon « à la dure », comme on dit.
Est-ce que je m’ennuie d’être le cheval de course fougueux qui se battait corps et âme pour sortir gagnant des compétitions? Est-ce que j’ai peur que plus personne ne veuille de moi, maintenant que je suis le poney qui avance avec un pas lourd? Vous n’avez pas idée… Clairement, j’aime mieux être l’étalon « Éclair de feu », que le poney un peu cahotant « Guerrier lent ». Et oui, secrètement, je désire m’occuper de « Guerrier lent » pour qu’il revienne l’étalon, mais je dois admettre que je m’attache de plus en plus au poney en moi et j’ai de plus en plus un désir d’en prendre soin, même s’il ne redevient jamais l’étalon. Car le poney, qu’il avance à pas de tortue, qu’il soit propulsé par un moteur, qu’il avance ou qu’il recule, est, à bien y penser, suffisant.
Je suis et vous êtes suffisant.e.s. Point.