Je suis tombée en confinement le 13 mars dernier lorsque la compagnie pour laquelle je travaille a décidé d’opter pour le télétravail; je suis donc à la maison depuis maintenant 7 mois et quelques jours. Même si les règles ont momentanément été assouplies au cours de l’été, on s’entend que la vie n’est jamais revenue à la normale, n’est-ce pas? D’ailleurs, j’ai récemment réalisé que lorsque je pense à 2020 et à la « nouvelle normale », ce sont les choses simples qui me manquent le plus. Celles que je prenais pour acquises l’an dernier.
Ça me manque de sortir sans devoir penser à apporter un masque. De marcher sur le trottoir sans devoir analyser comment m’assurer de garder une distance maximale entre ma personne et celles que je croiserai forcément (on est plusieurs piétons à Montréal, quand même).
Ça me manque aussi de pouvoir faire l’épicerie tranquillement, sans vérifier que je m’engage dans une allée « dans le sens des flèches », sans avoir l’impression que je bloque le passage à tout le monde si je m’arrête un peu le temps de choisir ma canne de pois chiches.
Ça me manque d’être spontanée. Ça me manque de décider à la dernière minute de faire une activité, et de pouvoir la faire. Sans acheter de billet d’avance, sans penser à éviter les foules, sans espérer que le nombre maximal de personnes ne sera pas atteint avant mon arrivée.
Depuis le début du mois d’octobre, avec le second confinement, ça me manque évidemment d’inviter ma soeur chez moi. Le reste de ma famille habite loin, à plus de 500km, et je ne les vois donc pas souvent. J’ai pris l’habitude d’appeler mes parents plus souvent… et de répondre à leurs appels parce que je n’ai pas toujours été la fille la plus réceptive, prise dans ma petite routine à oublier momentanément que la famille, c’est précieux en sapristi.
Ça me manque de magasiner dans les vrais magasins, dans la vraie vie. Depuis des mois, je me suis tournée vers le web pour la grande majorité de mes achats parce que c’est plus simple. Beaucoup plus simple que ce que la « nouvelle réalité » nous offre présentement. Mais ça me manque de déambuler librement, au gré des items qui attirent mon attention, en me laissant guider par mes envies (et mes besoins aussi, là).
Ça me manque de pouvoir partir avec ma soeur en voiture sur un coup de tête pour aller rejoindre notre mère quelque part autour de la ville de Québec pour passer du temps ensemble. Mais là, avec Montréal en zone rouge, on oublie ça.
Ça me manque d’aller bruncher au restaurant le weekend. Commander à déjeuner, c’est un concept bien excitant les jours où je me sens lazy, mais ce n’est pas pareil. Comment je fais pour savoir ce que j’ai envie de manger si je ne peux pas zieuter les assiettes des voisins, hein?
Ça me manque d’aller voir ma belle-famille. Ils ne sont pas bien loin, mais ce n’est quand même pas possible de se voir pour le moment. Mon petit neveu grandit à vue d’oeil et je manque tout ça.
Ça me manque de rêver à mon prochain voyage, parce que je n’ose plus.
Ça me manque d’aller travailler dans un café pour changer un peu de décor.
Ça me manque de prendre mes amies dans mes bras (ou juste de les voir autrement que via FaceTime).
Ça me manque de vivre sans me demander constamment si ce que je fais est risqué pour moi ou pour les autres.
Ça me manque de vivre une vie simple, tout simplement.
Je sais bien que c’est un coup à donner et que je suis parmi les plus chanceuses, les plus privilégiées. Que j’ai la chance d’être chez moi en sécurité pendant que d’autres se battent littéralement au front pour contrer cette pandémie. Que des personnes souffrent, meurent, sont en deuil. Mais je crois quand même que ça fait du bien d’en parler; que c’est correct de trouver ça difficile même si c’est encore plus difficile pour d’autres. Ce n’est pas un concours (ça serait d’ailleurs un bien triste concours, si vous voulez mon avis).
On est tous dans cette crise ensemble; le moins qu’on puisse faire, c’est de se supporter.