Cela fait bientôt deux ans que j’ai déposé mon mémoire de maîtrise, et bien qu’avec le recul, je sois contente de mon parcours, j’ai vécu mon lot de frustrations et je suis restée longtemps amère de mon expérience. Il y a bien des choses que j’aurais voulu savoir avant de m’engager dans cette aventure. Voici donc des pistes et des questions à vous poser qui, j’espère, aideront à commencer votre parcours du bon pied.
Pourquoi je veux faire des études supérieures?
Cela paraît futile, mais il est vraiment important de se poser la question ; quel genre de carrière je veux? Est-ce que d’avoir une maîtrise me permet de faire ce que je veux faire? Une fois que vous aurez une meilleure idée de ce que vous voulez concrètement, il vous sera plus facile de choisir les cours qui vous rapprocheront ultimement de votre plan de carrière.
Quel genre d’étudiant.e suis-je?
Il est important de comprendre ce qui fonctionne pour soi; je suis plus productif.ve avec des échéanciers serrés ou flexibles, je travaille bien le jour ou le soir, je suis facilement concentré.e ou pas du tout, je travaille mieux seul.e ou en groupe, j’ai besoin de beaucoup, moyennement ou peu de temps pour accomplir une tâche académique? Toutes ces questions vous aideront à mieux connaître vos besoins, les exprimer et y répondre. Si vous ne savez pas encore quel genre d’étudiant.e vous êtes, vous risquez de l’apprendre à coups d’essais-erreurs, ce qui peut apporter bien des frustrations.
De quel genre d’accompagnement ai-je besoin?
Les études supérieures sont bien souvent supervisées par un professeur qui nous accompagne dans le processus de recherche, de rédaction et de diffusion. Avant de faire un choix, regardez sur le site de votre université afin de savoir sur quoi cette personne travaille, avec quelle approche, quelles méthodes? Demandez-vous; est-ce que cette personne peut m’accompagner adéquatement, est-ce qu’elle « fit » avec mon projet? Quelles publications sont parues à son nom? Quelle est sa réputation au sein de mon département ? Vous êtes en droit (je vous le suggère fortement) de demander à d’autres personnes qui ont travaillé avec elle comment a été leur expérience.
Il est primordial d’être sur la même longueur d’onde avec la personne qui vous supervise et de communiquer clairement à quoi vous voulez que votre travail ressemble. Le parcours devient très long et pénible si un problème survient dans votre collaboration, mais il peut être très enrichissant si cette relation est positive. Dans le même ordre d’idée, n’ayez pas peur de poser des questions, affirmer vos besoins et exprimer vos limites.
Quels sont mes outils pour garder une bonne santé mentale?
On parle de plus en plus de santé mentale dans les études supérieures. On nous dit de prendre soin de nous, faire de la méditation, du yoga, sans jamais remettre en question le système qui nous pousse à bout avant même d’entrer sur le marché du travail. Ceci étant dit, l’erreur que j’ai faite est d’avoir mis de côté tout ce qui me faisait du bien, parce que selon moi, c’était contre-productif.
Vers les derniers mois de la rédaction de mon mémoire, ma routine du matin ressemblait à me réveiller, pleurer, me lever. Écouter « It’s the Final Countdown», faire des powermoves devant le miroir en essayant de faire fi de l’acné et des cernes qui ornaient mon visage déprimé. Regarder ma « liste de trucs que je vais faire après mon dépôt ». Me répéter que ça achève bientôt. M’installer à mon bureau, établir des objectifs de rédaction, me servir du café. Pleurer encore un peu. Rédiger.
Si vous ne voulez pas ressembler à une loque humaine, prenez du temps pour ce qui vous fait du bien et allez consulter un professionnel. Pour ma part, j’ai fait appel au service étudiant de mon université et j’ai eu accès à l’aide d’une psychologue (et d’outils pour gérer mon temps, mon anxiété, et juste mon existence). Aussi, l’isolement est un vrai problème; trouvez-vous des personnes avec qui rédiger! La plupart des gens de votre cohorte souffrent en silence comme vous et seront ravis d’une séance de rédaction en votre compagnie.
Finalement, je considère qu’il y a une part de mon amertume qui vient du fait que je ne voulais absolument pas abandonner. Parce que « quand on commence quelque chose il faut le finir ». Je ne dis pas que ça n’en a pas valu la peine, mais j’en suis définitivement ressortie maganée. Étant donné que l’abandon n’était pas une option pour moi, je n’ai pas su respecter mes limites adéquatement. Je pense qu’il est légitime de remettre en question nos choix, le programme dans lequel on est, comment il est construit, qui sont les professeurs qui nous accompagnent, etc. Il est surtout légitime de veiller à ce que votre investissement d’argent, d’énergie et surtout de temps en vaille vraiment la peine.