Je suis une nomade en pause depuis l’hiver 2018-2019. Une situation hors de mon contrôle m’avait ramenée à Montréal à la vitesse de l’éclair et pendant plusieurs mois, je n’ai pas osé partir bien loin. Puis, quelque part en 2019, je me suis promis d’avoir mis les pieds sur tous les continents avant mes 30 ans (c’est genre dans une semaine…).
Je m’apprêtais à repartir au printemps dernier quand le confinement s’est déclaré. Et je dois avouer qu’au départ, j’étais hyper reconnaissante. Reconnaissante que mon voyage ait été annulé en janvier, en prévision de la situation actuelle. De ne pas avoir dépensé. Et, SURTOUT, de ne pas avoir été à l’étranger à ce moment.
Sauf que mon ressort est bien vite revenu au galop. Mon besoin de m’échapper, de sortir de mon quotidien, de prendre une pause. Habituellement, je pars des fins de semaine en campagne ou en montagne, mais avec l’accès restreint aux transports en commun, c’était également plus difficile.
J’ai décidé, à la fin de l’été, que j’en avais assez d’être une nomade en pause, que j’avais besoin de retrouver mes habitudes de nomade malgré toutes les restrictions.
Ça fait que j’ai lâché ma job, comme je sais si bien le faire. Plus on démissionne, plus ça devient facile, qu’y disent. Puis, j’ai booké un billet d’avion, j’ai vidé la chambre que je louais et hop!
Sauf que j’avais oublié… J’avais oublié comment faire des bagages légers. Quoi apporter. Que je n’avais pas besoin de grand-chose finalement. Bref, j’ai oublié beaucoup de choses.
Je suis arrivée à l’aéroport, c’était pareil, mais différent. L’aéroport aussi avait pris ses airs de COVID avec des points de contrôle, des stations de désinfectant et des X rouges partout. J’ai placé moi-même mes bagages sur le porte-bagages, sans aide. Pendant que je faisais mon check-in, il n’y a eu aucun membre du personnel qui a proposé de m’aider. Oui, je sais comment faire! Mais je me sentais rouillée. Comme dans un monde surréel.
L’aéroport était désert. On a pris ma température pour s’assurer que j’étais en santé; j’ai passé le point de contrôle en une minute. J’ai sonné. On n’a pas osé trouver ce qui sonnait. Finalement, j’ai été vérifiée avec un long bâton. Je ne sonne jamais! Mais j’avais oublié comment m’habiller pour ne pas sonner.
On attend pour entrer dans l’avion, mais avec une peur des autres, on reste loin en file. Partout, on tient notre cellulaire pour qu’il soit scanné sans que personne ne le touche. Idem pour la pièce d’identité à l’embarquement.
Même en file pour récupérer mes bagages, j’avais peur de frôler mes voisins en voyant mon sac sur le porte-bagages. Pourtant, habituellement, on demeure tous entassés en sardines devant les sacs qui défilent.
Mon cœur nomade est bien content de retrouver l’appel du « ailleurs », le bonheur de faire avec ce qu’on a et de se contenter de peu. Mais je dois avouer que j’ai bien hâte de ressortir mon passeport de son tiroir. Qui sait, peut-être en 2021? Une chose est certaine, je ne partirai plus jamais avec la même légèreté au cœur.
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