Avertissement : Je n’ai pas vu cette comédie romantique de 1999 et cet article n’a probablement aucun lien avec l’intrigue du so-called film. Désolée d’avance aux fans…!
Ces temps-ci, je suis rongée par l’envie. La jalousie. L’insatisfaction. Partout où je regarde, je vois du « mieux que moi ». Une maison digne d’un magazine. Un nouveau terrassement. Un conjoint plein de projets. Un emploi stimulant. Un jardin rempli de légumes. Un bébé adorable. Des nouveaux vêtements. Une escapade sur la rivière. Un trip de camping. Un BBQ entre amis. Pour ne nommer que ces quelques exemples qui me rongent.
Et ça me crée des bulles au cerveau :
FAUT QU’ON DÉMÉNAGE! FAUT QUE JE FASSE UN JARDIN! FAUT QU’ON INVITE DES GENS! FAUT QU’ON S’ACHÈTE UN MOTORISÉ! FAUT QU’ON QU’ON QU’ON QU’ON…
Tout ça, ça me rend insatisfaite. En manque d’un perpétuel « quelque chose ». Ça me rend aussi très critique de mon chum, de moi-même, de notre vie. Lui, il est ben content de notre quotidien et moi, je n’en ai jamais assez. Je suis sans cesse prête à partir sur un nouveau coup de tête, je me mets à lui présenter mon nouveau désir brûlant du moment et lui, en gars ben concret, il embarque avec sincérité dans la discussion. Déjà, il en pèse les pour et les contre, déjà le voilà un peu stressé des bouleversements que ma dernière lubie entraînerait et surtout, le voilà en train de mettre en lumière les failles de mon idée folle, inconscient du danger : je me transforme en harpie « TU VOIS JUSTE DES PROBLÈMES TOUT LE TEMPS! »
Hier, je lui ai présenté ma plus récente lubie, une nouvelle maison parfaite avec toutes les caractéristiques exactes du vrai bonheur. La perle rare. Toute. Incluant l’accès à un lac, tsé cette caractéristique dont j’ai toujours rêvé – mais dont je ne lui avais jamais parlé, surprise! Me manquait pas grand-chose pis le projet « on vend-on rachète-on déménage-on vit heureux pour toujours et je chiale pu jamais » démarrait sur les chapeaux de roue.
Fidèle à lui-même, il a attentivement regardé l’annonce et écouté mes nombreux commentaires d’agente immobilière convaincue, il a lu la fabuleuse description, il a jeté un œil aux projections financières que j’avais préparées, il a admis que c’était intéressant… et j’ai ben vu que ça lui rentrait dedans. Que ça l’écrasait. Pas juste l’idée de déménager. L’ensemble de ce que ça implique. Mon attitude, aussi. Genre « SI ON RESTE ICI JE VAIS MOURIR D’INSATISFACTION!!!!!! »
Et ça, ça m’a rentré dedans à mon tour. Je l’aime, je sais qu’il est prêt à ben des affaires pour moi et là, de voir que mes fantaisies passagères le décontenancent, ça m’a stoppée. Et j’en arrive enfin au sens du titre de cet article: j’ai tout pour moi. Le problème, il n’est pas là.
L’insatisfaction, elle est en moi.
Pas dans notre domicile ou dans un quelconque détail ajustable de notre vie. EN MOI.
J’aurais beau déménager dans la maison parfaite (et croyez-moi, celle que j’ai trouvée hier l’est à 99%), ça ne prendra que quelques mois, peut-être quelques années avec un peu de chance, que l’insatisfaction reviendra.
Je pourrais remplacer ma garde-robe au complet, virer chaque meuble à l’envers, flamber toutes mes paies auprès d’un designer d’intérieur, faire un potager dans une serre fabuleuse plus grosse que ma maison, cuisiner des repas 5 services pour des amis chaque weekend… Ça. Ne. Sera. Jamais. Assez.
Je serai heureuse sur le coup, contente de mon nouveau setup, mais ça en viendra toujours à ternir. Y’aura toujours autre chose. De mieux. De plus attirant.
Les réseaux sociaux décuplent les possibilités d’insatisfaction en nous permettant de nous comparer, mais de base, l’humain est particulièrement doué pour être insatiable : ne jamais être satisfait. L’analogie parfaite du verre qui se vide au fur et à mesure qu’on le remplit : il nous en faut toujours plus!
Voilà. Ma vie n’est pas parfaite, il y a toujours place à améliorer nos existences par de grands et de petits changements ou ajustements, mais pourchasser la totale satisfaction, c’est courir après le vent… et s’exposer à la tempête. Intérieure.
Déménager, ça ne va pas régler ce qui cloche EN MOI. Me comparer à la hausse, du genre « ah moi, au moins je ne suis pas comme telle personne, j’ai telle affaire », ça ne va rien régler. M’encourager avec des « ça va bien aller » et « ça pourrait être pire », non plus. Chialer, encore moins… parce que c’est injuste! Je n’ai aucune raison de me plaindre, en réalité. Aucune raison d’être insatisfaite, en fait.
À part peut-être du trou dans le fond de mon verre qui laisse passer l’eau pas mal vite, ces temps-ci. C’est de lui que je suis insatisfaite… et c’est par là que je vais attaquer mon rétablissement. Comprendre ce qui me rend si intense, l’observer, le questionner et arrêter de le laisser contrôler mon quotidien et ternir ma réalité. Je n’arriverai probablement jamais à le boucher complètement, mais prendre la décision d’apprécier ce qu’on a, déjà, c’est un pas dans la bonne direction!
… Oui, j’essaie de me convaincre. Ça commence dans la tête tout ça. 😉