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Quand la vague de dénonciations fait revivre des traumas
Crédit: Unsplash

Vous l’avez probablement vu dans les derniers jours sur les réseaux sociaux : on sort les vidanges! Par là, j’entends qu’une vague de dénonciations sur des violences à caractère sexuel (VACS) déferle concernant le monde du tatouage, du web, de la musique, de la télévision, de l’humour, et du paysage général québécois. Si vous ne savez pas trop ce à quoi je fais référence, vous pouvez aller en lire plus sur la question et les témoignages sur plusieurs comptes Instagram qui ont été créés pour soutenir les dénonciations, comme @survivorsanon et @victims_voices_montreal, par exemple.

 

Le mouvement de dénonciation est attendu et nécessaire, mais il ne faut pas négliger non plus son impact sur les personnes victimes de VACS, qui sont maintenant confrontées à du contenu potentiellement traumatisant sur tous leurs fils d’actualité des réseaux sociaux. Je vous avoue que je la trouve difficile depuis ces derniers jours.

 

Cet article a donc pour but de valider ces émotions et ces souvenirs douloureux qui peuvent surgir et de peut-être réussir à se donner des trucs pour prendre soin de soi pendant cette période difficile, mais oh combien nécessaire. Je ne me pose pas comme experte, loin de là, et je parlerai au nous, car je fais également partie de cette majorité ayant été victimes de VACS, et non de l’exception.

 

L’une des pensées qui peuvent survenir en situation de dénonciations comme celle-ci, est celle de devoir dénoncer à son tour ce qui nous est arrivé pour que notre trauma soit valide. Pourtant, la dénonciation est un choix personnel, et le fait de respecter ses limites et ses besoins là-dedans est primordial. À celles et ceux qui choisissent ou qui sont contraints de garder le silence, je vous vois, je vous crois, et votre vécu n’est pas moins valide que celui de quelqu’un qui en parle ouvertement.

 

Une autre chose difficile à naviguer peut être le sentiment de devoir suivre l’actualité, alors que celle-ci fait remonter un trauma à la surface. Cela peut prendre la forme de colère, de tristesse, de pleurs, de stress ou d’anxiété, et se manifester dans tous les milieux, comme au travail ou à la maison. Si le fait de suivre tout ce qui se passe en temps réel nous fait plus de mal que de bien, je nous suggère de prendre un peu de recul, et peut-être d’encadrer les moments dans lesquels nous consulterons nos fils d’actualité. Ou encore de le faire seulement en présence d’un ou d’une proche, qui sera là pour nous soutenir.

 

Également, et bien que ça puisse nous sembler égoïste (même si ce ne l’est pas!), il faut prendre soin de soi et s’engager dans des activités de self-care. Que ce soit de prendre un bain, une marche, un café, de discuter avec une copine ou un copain, de se lever tard, d’appeler quelqu’un, de déjeuner, il est important plus que jamais d’honorer ses besoins et d’écouter son corps et son esprit. Comme le veut le proverbe : you can’t pour from an empty cup – nous ne pouvons aider personne si nous ne nous sentons pas bien nous-mêmes.

 

Finalement, je crois que ce que j’essaie de dire, c’est que le plus important lorsqu’on traite de sujets potentiellement traumatisants ou retraumatisants pour nous, c’est de s’écouter. De tirer la plogue quand il le faut, et de s’impliquer lorsqu’on en ressent le besoin. Il y a autant de réactions « normales » qu’il y a de personnes et de victimes, et les nôtres méritent d’être honorées.

 

De plus, pour les victimes de VACS, ce qui est souvent le plus difficile est de s’entourer d’un réseau de personnes prêtes à nous soutenir. Les dévoilements sont difficiles à faire, la peur de ne pas être cru ou crue est bien présente, et c’est un sujet rempli de tabous. Si vos proches ne sont pas à l’écoute ou que vous ne voulez pas les solliciter, il existe plusieurs ressources disponibles pour vous aider : lignes téléphoniques 24/7, aide juridique gratuite, psychologues, etc. N’hésitons pas à demander de l’aide!

 

Prenez soin de vous, je vous vois, je vous crois, et votre vécu est valide.

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