De nombreux étudiant.e.s ont terminé la semaine dernière une période extrêmement importante de leur vie. 12 années de scolarité, d’efforts, de joies et de peine ont pris fin. Et cette étape marquante dans leur vie est passée un peu sous silence; pas de cérémonie de graduation, pas de robe chic ou de complet, pas de célébration ni de bal ou de fête pour souligner cet accomplissement. Parce que malgré ce qu’on peut entendre, c’est un accomplissement.
J’ai remarqué plusieurs personnes qui minimisaient la situation sur les réseaux sociaux. Elles disaient que personne n’allait en mourir. Que ça ne servait à rien, de toute façon. Pourtant, tellement de sociétés humaines ont célébré et célèbrent encore le passage des étapes importantes de la vie par des rituels; des rites de passage. Nier leur importance, c’est de ne pas bien comprendre le fonctionnement de la société. Un rite de passage, ça permet de passer d’un état à un autre, de passer de l’enfance au début de l’âge adulte, par exemple, de façon symbolique. Ça permet de laisser derrière soi de nombreuses années d’efforts, de formation, d’apprentissage et d’entrer dans une nouvelle phase de sa vie. Le passage entre l’école secondaire et ce qui va suivre, c’est un passage majeur. Ce qui sera attendu de ces jeunes va changer énormément. Leur statut dans la société change. Il est alors normal de ressentir le besoin de célébrer ce passage important.
Le fait que de très nombreux étudiants ne soient pas en mesure de le faire comme ils l’auraient souhaité me brise le cœur. Je me souviens que je rêvais à mon bal de finissant.e.s depuis ma toute première année au secondaire. Je rêvais à la robe que j’allais porter, à la soirée, à la cérémonie de remise des diplômes. C’est le cas de nombreux élèves du secondaire. C’est une soirée tellement attendue, et tellement importante. Au final, ma soirée à moi n’aura été ni terrible, ni très mémorable. C’est souvent le cas. C’est peut-être pour ça que pour certains, ça n’a pas une grande importance.
Avec le recul, on peut penser que c’est anodin. Mais c’est un rituel qui m’aura permis de mettre fin convenablement à cette étape de ma vie. De faire une croix sur la jeune élève du secondaire, et tenter de passer au statut d’étudiante collégiale. C’est un passage qui est souvent difficile, même quand on nous permet de le franchir «comme il faut». Si je me remets dans la peau de la jeune fille de 16 ans qui attend impatiemment son bal depuis des années, me faire annoncer qu’il est annulé m’aurait complètement bouleversée.
Et puis ce n’est pas que le bal; leurs études secondaires se sont réellement terminées en queue de poisson. Ces jeunes ont passé la porte de leur école secondaire en tant qu’étudiant.e.s pour la dernière fois sans savoir que ce le serait. Ils n’ont pas pu faire leurs adieux comme il se doit. Ils n’ont pas pu se préparer ni profiter des derniers moments. Terminer le secondaire sans bal, sans dernière journée de cours, sans cérémonie; je ne peux pas m’imaginer ce que c’est.
Je souhaite de tout cœur qu’on trouve une façon de célébrer cette étape de leur vie, qu’on leur donne la chance de boucler la boucle comme il se doit. Finissant.e.s du secondaire, je pense à vous, et je vous applaudis pour tous les efforts que vous avez fournis pour arriver jusque-là.