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Le racisme est systémique, PAS systématique
Crédit: Clay Banks/Unsplash

Lorsqu’on parle de racisme systémique, MAMMA MIA que les gens montent sur leurs grands chevaux. De toute évidence, plusieurs le prennent (très) personnel. Je n’arrivais pas trop à saisir pourquoi, jusqu’à ce que je tombe sur un article du DevoirManon Massé m’a complètement éclairée (merci, Manon!) : « Je ne sais pas de quoi les gens ont peur, de reconnaître qu’il y a du racisme systémique au Québec ? s’est-elle demandé. Quand on dit “systémique”, ça ne veut pas dire “systématique”. C’est super important de bien nuancer ces deux choses-là. » C’est exactement ça. Les gens confondent systémique et systématique. En même temps, la confusion n’est pas trop surprenante lorsqu’on a un premier ministre qui refuse d’avouer son existence chez nous, et ce, malgré les faits.

 

Donc, il est important de comprendre que le racisme systémique ne signifie PAS que chaque personne fait systématiquement (on se rappelle de distinguer systémique et systématique) preuve de racisme à l’égard des personnes noires, racisées ou des personnes d’autres minorités visibles. Ça ne signifie pas non plus que les personnes noires ou racisées vivent du racisme partout, tout le temps (même si on ne peut ignorer l’impact des micro-agressions qui font partie du quotidien des personnes racisées).

 

Le racisme systémique signifie que le racisme est ancré profondément dans les rouages du système. Et que le mal se transmet souvent involontairement, tellement il est inconscient ou ancré dans des préjugés tenaces. Selon la définition de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, la discrimination systémique (qui est intimement liée au racisme systémique) est définie comme suit: « […] la somme d’effets d’exclusion disproportionnés qui résultent de l’effet conjugué d’attitudes empreintes de préjugés et de stéréotypes, souvent inconscients, et de politiques et pratiques généralement adoptées sans tenir compte des caractéristiques des membres de groupes visés par l’interdiction de la discrimination. » Tout cela se traduit par diverses iniquités vécues par certaines communautés, simplement à cause de la couleur de leur peau:

  • Moins d’opportunités d’emploi
  • Salaires plus faibles pour les mêmes qualifications
  • Profilage racial
  • Difficultés à trouver un logement
  • Etc.

 

Valérie Plante vient d’ailleurs de reconnaître l’existence du racisme systémique et annonce que son administration prendra des mesures concrètes pour améliorer les choses. Cependant, la bataille est loin d’être gagnée. Dans son rapport, l’Office de consultation publique de Montréal a noté :

« Un malaise ou un manque de volonté chez de nombreux fonctionnaires à identifier les groupes les plus susceptibles de vivre des situations de racisme et de discrimination systémiques dans leur arrondissement ». 

« Les fonctionnaires insistent sur le caractère neutre et universel des services dispensés avec la mission de servir, de manière identique, toute la population, indépendamment de l’origine »

 

Pourtant, et je le répète, le racisme systémique est un fait. Le reconnaître est un premier pas vers sa résolution. Prenons le temps de réfléchir à nos comportements, même si c’est inconfortable. Prenons le temps de nous demander si nous participons, même sans le vouloir, même avec les meilleures intentions, à propager des préjugés qui contribuent à nuire à certaines communautés. Envisageons que le racisme, c’est beaucoup plus que les commentaires racistes et violents qu’on peut lire sur le web; c’est une accumulation de préjugés et de stéréotypes qu’on ne prend pas toujours la peine de déconstruire qui ont, au final, un impact bien réel sur la vie de communautés entières.

 

De grâce, ne faites pas comme François Legault qui a déclaré ne pas vouloir tomber dans un « débat de mots ». Parce que pour guérir un bobo, il faut au minimum le mettre en mots.

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