Dans les dernières semaines, j’ai vu plusieurs coachs/entraineurs sportifs et autres publier des vidéos ou des textes sur les médias sociaux concernant la prise de poids des gens pendant le confinement. En gros, ils demandaient de ne pas blâmer le confinement si on a une prise de poids parce que c’est encore nous qui choisissons ce que nous mangeons, et que donc, nous sommes les uniques responsables. J’ai été complètement bouche bée de voir des gens qui disent prôner la santé et le bien-être culpabiliser les gens comme ça. Sans oublier que le confinement a aussi été synonyme d’un mode de vie beaucoup plus sédentaire pour plusieurs, ce qui pourrait aussi expliquer la prise de poids. J’aimerais vraiment vous dire que si vous faites partie de ceux qui ont pris du poids pendant le confinement, NE VOUS BLÂMEZ PAS! On vit une situation stressante, certains dorment mal et angoissent énormément; inutile d’ajouter une source de stress supplémentaire!
Pour moi, motiver les gens en leur faisant vivre de la culpabilité, c’est la pire méthode à employer. La personne n’agira pas par plaisir, elle ne va pas adopter des comportements de santé par choix personnels, mais parce qu’elle sent une pression extérieure à le faire. Et les probabilités qu’elle conserve le bon comportement à long terme sont faibles si sa seule motivation est extérieure.
De plus, rappelons que la privation alimentaire engendre des émotions négatives, des comportements malsains (pouvant aller jusqu’aux troubles alimentaires) et augmente le risque d’un poids qui joue au yoyo. Plutôt que de culpabiliser les gens et les encourager à se priver, est-ce qu’on pourrait simplement valoriser un mode de vie sain?
Il y a aussi une question de privilèges dans tout ça. Notre façon de manger, on l’apprend. Elle dépend de notre culture, mais aussi de notre niveau socio-économique. Des fruits et des légumes frais, c’est cher. Alors, d’insinuer que c’est aussi facile pour tout le monde de manger l’assiette équilibrée prônée par les nutritionnistes, c’est de se voiler la face. Surtout en temps de crise. Le coût de l’épicerie a augmenté, c’est un fait. Alors, si vous êtes une personne qui a les moyens financiers, les connaissances et l’habitude de manger plein de légumes verts et jamais de gras, bravo. Mais juger ceux qui ne le peuvent pas et s’imaginer que ce n’est qu’une question d’absence de volonté, c’est vraiment poche.
Ensuite, ces commentaires-là sont clairement grossophobes. Oui, j’ai pris du poids pendant le confinement. Je ne suis plus aussi mince que je l’ai déjà été. Pis ça? Est-ce qu’on pourrait arrêter de dire qu’être mince = être en santé? On connaît tous une personne qui mange bien, qui court, fait du vélo et de la randonnée, et qui n’a pas le poids d’un mannequin. Est-ce qu’on va dire qu’elle n’est pas en santé?
Il y a un phénomène que les gens semblent ignorer: il existe des gros (oui, gros, est-ce qu’on pourrait normaliser le terme s’il vous plaît, ce n’est pas une insulte) qui sont en super santé. Pas de diabète ou de cholestérol, pression sanguine normale et rythme cardiaque parfait. Mais, ils sont gros. Il me semble que face à ces faits, on ne peut pas encore penser qu’il faut absolument être mince pour être en santé!
Selon plusieurs scientifiques, l’idée que notre poids est facilement contrôlable serait une utopie. On a un poids « prédéfini », et à moins de ne plus jamais manger à sa faim, on va le garder. Peu importe ce que tous les spécialistes du fitness vont venir vous dire. Est-ce que c’est vrai? Je ne peux pas le garantir, mais j’y crois et c’est supporté par les écrits de plusieurs experts. C’est prouvé que quelqu’un qui est gros peut très bien avoir de très bonnes capacités cardiovasculaires, et n’est alors pas plus en danger de mortalité qu’une personne mince.
Même que de faire un régime pourrait avoir un impact très négatif sur le métabolisme d’une personne. Plus que d’être gros. Qu’on se comprenne bien, je ne suis pas en train de dire qu’on devrait manger uniquement de la malbouffe sans s’en soucier. D’ailleurs, qu’on se le dise, toutes les personnes grosses ne mangent pas nécessairement de la malbouffe et toutes les personnes minces ne mangent pas nécessairement de la bouffe santé. De plus, la privation n’apporte rien de bon, et même avec une bonne alimentation, certains n’atteignent pas le poids « idéal » prôné par la société et ses standards de beauté irréalistes.
Alors, sachant tout cela, pourquoi notre société est-elle encore grossophobe? Excellente question, n’est-ce pas? Une autre excellente question que je me pose actuellement: une prise de poids pendant le confinement, c’est grave? Personnellement, je crois que l’important, c’est de s’écouter, de faire de notre mieux dans les circonstances actuelles pour avoir des comportements sains, et d’arrêter de culpabiliser.
Surtout, j’aimerais vraiment que tous les « coachs » de ce monde cessent de vouloir faire de l’argent en culpabilisant les autres – surtout les femmes – sur leur apparence et leurs poids. En période de pandémie, mais aussi en général.
C’est trop demander?