Aujourd’hui, je sais que ça va être une journée difficile. Je suis désolé de ressentir le besoin de mettre le spotlight sur ma sombre journée dans une marée de « ça va bien aller», mais aujourd’hui, je pense à toi. Et j’ai envie de te mettre en lumière.
Je me souviens comme si c’était hier de ce moment où la vie a quitté ton corps. Sous mes yeux d’adolescente, sous la fatalité d’un évènement tragique qui n’est pas supposé arrivé si tôt. Près de 13 ans plus tard, ce sentiment de vide et d’impuissance est toujours présent.
J’y repense ces derniers temps, parce qu’en période de confinement il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que de réfléchir et d’analyser notre vie. J’ai repensé à quel point la personne que j’étais à 16 ans était beaucoup plus forte que la personne que je suis présentement. Comme si j’avais oublié cette leçon de la vie.
Tu es parti au début de ton adolescence, suite à un évènement qui a mal tourné. Ça semble si anodin que ça semble irréel et pourtant, c’est bel et bien arrivé. Je me souviens de la panique, des adultes démunis et je me souviens de nous, des adolescents qui ont été confrontés à la mort beaucoup trop tôt.
Il n’y avait pas d’explication rationnelle, il n’y avait pas de bon mot pour passer à travers et c’est peut-être là que le meilleur de l’être humain peut ressortir, parce que l’ego n’a pas sa place dans ce genre de tragédie. La vie prend tout son sens lorsqu’on réalise qu’elle ne tient qu’à un fil.
Je me questionne d’ailleurs beaucoup sur la vie ces temps-ci avec le nombre de morts qui ne cesse d’augmenter un peu partout dans le monde. Dans un tel contexte, c’est difficile de ne pas y réfléchir.
Je me rends compte que j’ai momentanément oublié à quel point la vie est précieuse; mon ego a repris trop de place et me donne parfois envie de tout laisser tomber. J’ai oublié qu’il n’y a pas que moi, dans la vie.
Ces derniers temps, j’entends souvent des « oui, mais moi » et je suis coupable de prononcer ces mots, moi aussi. Je me souviens que jamais, à l’époque de ton départ, je n’aurais osé dire « oui, mais moi ». Oui, je vivais une tonne d’émotions et je souffrais, mais il y avait quelque chose de plus grand que moi qui se passait sous mes yeux. On prenait soin les uns des autres, sans jamais penser que nos émotions devaient être plus difficiles à vivre que celles des autres.
J’ai oublié ce que c’est d’être happé par un événement suite auquel il devient impossible de penser à soi. Pris dans un scénario d’horreur, la question ne se pose même pas. Je ne veux pas diminuer l’angoisse et le stress provoqués par la situation actuelle, mais je crois que c’est aussi le moment idéal de se tourner vers l’autre et d’espérer, en toute humilité, que cette personne aille mieux et ce, peu importe nos propres problèmes.
Loin de moi l’idée de tomber dans la psycho-pop, mais je crois que c’est lorsque je me suis concentrée à aider les autres que je me suis sentie le plus humble et que j’ai réussi à oublier mes propres souffrances. Parce qu’au lieu de comparer nos situations, nous avons plutôt convenu qu’ensemble, nous pouvions nous en sortir.
Aujourd’hui, je repense à cette époque où tu nous as quittés et sache que je ne t’oublie pas, même si je m’égare parfois.
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