Aller au contenu
C’est correct de ne pas toujours apprécier le moment présent
Crédit: Pexels

On nous dit souvent qu’il faut apprécier le moment présent, que ce serait la clé du bonheur et de la gratitude. Je suis certaine que c’est vrai; ça fait du sens, en tout cas. On ne va jamais être heureux à vivre dans le passé en ressassant nos remords ni en se projetant dans un futur incertain pour dresser la liste de nos craintes. Logique. Mais il arrive aussi que le moment présent ne soit pas… agréable.

Oui, il y aura toujours moyen d’être reconnaissant.e de certains éléments du présent, vous me direz. De chercher la petite miette d’un petit plaisir dans un petit coin du moment présent, ça se peut. Oui, on peut le faire. Mais est-ce qu’on peut aussi juste accepter que, parfois, on peut avoir besoin de maudire le moment présent?

De le regarder en face et de lui dire « ouin, t’es vraiment poche aujourd’hui, Moment Présent »; est-ce qu’on peut se permettre ça? Disons, sans se faire rappeler qu’on a de la chance pour ci et pour ça? Parce que je crois qu’il y a des moments pour compter nos blessings, et d’autres pour chialer sans culpabilité.

Je sais que lorsqu’on se confie et qu’on se fait remettre notre chance dans la face, c’est souvent parce qu’on est entourés de personnes qui veulent notre bien et qui croient qu’ainsi, elles vont nous réconforter. Ça peut aussi être parce qu’on est entourés de personnes toxiques qui ne veulent pas prendre la peine de nous écouter, mais je ne nous souhaite pas ça. Bref, j’ose espérer que la plupart du temps, c’est pour relativiser notre peine/crainte/colère qu’on nous rappelle qu’on ne va pas « si mal que ça, parce que… »

Le problème c’est que, je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, quand je chiale, je sais pertinemment que mes problèmes ne forment pas une couche homogène qui recouvre et étouffe mon existence toute entière. C’est juste que je ne vais pas prendre la peine de rappeler un de mes blessings après chaque ligne de chialage; on n’en finirait plus avec un  « Wow, ça me fâche tellement quand… mais heureusement que… » suivi d’un « Ouf, je trouve ça difficile de… mais j’ai tellement de chance de… »

Parfois, on a besoin de ventiler; de faire sortir le méchant. Tout simplement. Ça ne veut pas dire qu’on oublie toute la chance qu’on a pour autant. 

Ma théorie, c’est que les humains sont mal à l’aise avec le malaise. À écouter quelqu’un qui vit une mauvaise passe, on a tellement envie de le ramener dans la lumière, de lui faire voir « le bon côté des choses », de trouver une solution à ses problèmes. Je comprends ça. On veut bien faire.

L’ironie là-dedans, c’est que souvent, cette personne a juste besoin de se faire dire que c’est correct de ne pas toujours apprécier le moment présent. Et ça serait donc ben l’fun qu’on ne ressente pas le besoin de minimiser nos émotions négatives pour protéger les autres d’un malaise. Des fois, le présent, il fait chier. Et c’est correct de le dire; ça ne le rendra pas pire. Au contraire. 

Bref, si votre moment présent est poche, je vous vois, je pense à vous. Vous avez le droit de le dire et vos émotions sont valides. Promis!

Plus de contenu