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Se donner un break d’autocritique en ce temps de crise
Crédit: Sharon McCutcheon/Pexels

Hier était un bon matin; ce matin l’était moins. Pourtant, le soleil brille tout autant qu’hier, c’est moi qui brille moins. Je me suis levée ce matin avec le motton, avec un temps gris à l’intérieur de moi malgré le superbe temps à l’extérieur. Je savais exactement ce qui se passait et je me suis dit « Ah non Myriam, pas encore… Tu n’es pas encore en train de penser à ça, alors que le monde s’écroule autour de toi, en pleine pandémie de coronavirus? ».

Les critiques internes auraient pu continuer, mais j’ai décidé de m’asseoir devant mon ordi et d’écrire à la place. Parce que j’avais envie de passer un message (de me le passer, mais aussi de le passer aux autres, car je suis certaine de ne pas être seule dans cette situation) : vous avez le DROIT d’être affecté.e par ce que vous voulez en ce temps de crise, ou même de ne pas être affecté.e du tout (en autant que vous respectez les mesures gouvernementales de distanciation sociale)!

La vérité, c’est que je ne me donne pas toujours ce droit. Ma réalité est loin d’être pénible en ce moment: j’ai encore mon emploi et je peux faire du télétravail, j’ai mon adorable chat (coucou Tapou!) qui aura bientôt 18 ans qui a carrément reculé de stade de sa maladie chronique alors qu’on m’avait dit qu’il était au stade final et qu’il allait mourir. J’ai des amies en or avec qui je garde contact le plus possible en respectant les mesures gouvernementales, je suis en pleine santé, je ne fais pas partie des catégories de personnes vulnérables qui sont à risque de mourir de cette maladie et mes proches semblent bien confinés et en sécurité.

Pourtant, quand je parle à mes amies, c’est moi qui pleure. Mes deux raisons principales, que j’ai clairement de la difficulté à assumer, sont : le sentiment de solitude étant donné que j’habite seule et loin de ma famille et le fait qu’en ce moment, j’ai le cœur brisé. Je fais juste l’écrire et les larmes montent. Quand je voulais en parler à mes amies, je n’arrêtais pas de me dire que ce n’était rien comparativement à ce qu’elles vivaient, soit de devoir accoucher dans un tel contexte, de travailler dans un salon mortuaire alors que les gens meurent du coronavirus, ou encore, pour deux autres, de ne pas pouvoir être au chevet de proches qui ont le cancer. Et j’en passe… Vous voyez comme moi qu’il y a aussi des gens qui meurent de la COVID-19 et d’autres personnes qui ne peuvent pas leur dire adieu… Il y a pire que ma situation, je le répète et je le sais.

Mais vous savez quoi? Ce matin, j’ai envie d’envoyer promener (et même, on va le dire, d’envoyer ch***) cette partie critique en moi qui me dit que ce que je vis n’est rien comparé aux autres. Je vous encourage à faire de même pour les raisons suivantes:

 

1 – J’ai déjà mal. Si je me tape dessus d’avoir mal, je me crée une seconde souffrance. Mais quelle est la logique là-dedans? Vous taperiez-vous littéralement dessus avec un marteau parce vous avez mal à la tête? Non… Eh bien, pourquoi se taper dessus psychologiquement?

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2- J’ai remarqué que quand je nie ce que je vis et que je fais l’autruche, ça fonctionne pour un temps, mais ça finit toujours par me rattraper; parfois avec de l’eczéma, parfois avec de l’anxiété.

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3- Chaque personne a ses propres expériences ainsi que ses zones de fragilité et de sensibilité. Donc, c’est NORMAL qu’on ne soit pas tous et toutes affecté.e.s par les mêmes choses. Je suis empathique à ce que vivent les autres autour de moi, mais comme mon ventre me confirme qu’il ne porte pas d’enfant en ce moment, je vois mal pourquoi je stresserais pour mon accouchement hypothétique, n’est-ce pas? Non, à la place, je me centre sur la gestion de mon coeur en miettes; quelle égoïste! Je mets beaucoup d‘humour et de sarcasme ici, mais vous comprendrez l’idée… Chacun réagit différemment et passe à travers ses propres épreuves et c’est okay.

 

Pour finir, j’aimerais vous proposer un petit défi : assumer pleinement ce qui vous affecte en ce moment et dire bien fort « Ben oui, c’est ÇA qui m’affecte! » en vous inspirant de Martin Matte qui dit si bien « Ben oui, Maxi. » dans les publicités.

Alors, je m’appelle Myriam et, ben oui, j’ai de la peine en ce moment en raison d’une peine d’amour et du fait que je me sente seule. Ben oui. Et vous?

 

Un merci spécial à Hélène, Annie-Jade, Catherine, Rachel, Dominike, Léa-Rose, Tapou et moma pour l’inspiration de ce texte ainsi qu’à Véronique, la productrice au contenu de TPL pour sa douceur et son ouverture me permettant de sortir mes tripes par écrit!

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