Aller au contenu
Ma boulimie n’a jamais été aussi difficile à gérer qu’avec le confinement
Crédit: 胡 卓亨/Unsplash

TW : troubles alimentaires

J’ai hésité à signer cet article de mon nom. Ce que je m’apprête à vous confier est plutôt difficile à avouer, mais je tenais à vous le partager, car je suis certaine que je ne suis pas la seule à vivre avec cette situation… ces émotions. Et comme j’ai toujours été transparente ici concernant mon trouble alimentaire, je vais continuer de l’être et vous écrire ces quelques lignes à visage découvert.

Ça fait déjà très (trop) longtemps que les troubles du comportement alimentaire (TCA) font partie de ma vie. L’anorexie a cogné à ma porte en 2011 et elle a invité la boulimie au party vers 2013. Ma vie a été un shitshow pendant un bout avant que je reprenne les rênes de ma santé mentale et physique. Ça a pris plusieurs années de thérapie ainsi que beaucoup de support et d’amour de ma famille, de mes amies et de mon amoureux pour arriver à une vitesse de croisière somme toute saine et agréable. Aujourd’hui, si je struggle encore beaucoup avec mon image corporelle, j’ai au moins acquis plusieurs outils qui me permettent de museler la voix de mon TCA la plupart du temps.

 

La plupart du temps, j’arrive à ne pas faire de crise de boulimie. Mais dans la plupart du temps, il y a malheureusement un « de temps en temps » qui se cache derrière.

 

De temps en temps, ça feel pas, ça crie vraiment fort dans ma tête et la seule manière d’apaiser momentanément la bête, c’est de me jeter sur la nourriture. Ça me fout à terre chaque fois que ça m’arrive. Heureusement, ça n’arrive pas souvent, et avec les années, j’ai fini par comprendre ce qui me mettait plus à risque de céder à la crise.

 

Et guess what, tous mes déclencheurs sont présents quasi quotidiennement dans ma vie depuis le début de la pandémie et du confinement obligatoire. Je sais que je ne suis pas la seule et je trouve ça important de parler de l’aspect santé mentale durant la crise. Je sais pertinemment bien que la situation est d’autant plus difficile pour toutes les personnes qui vivent avec un trouble de santé mentale.

Lorsque nous ne sommes pas en train de participer à un effort collectif pour éviter la propagation d’un virus meurtrier, j’essaie de sortir souvent de chez moi. J’essaie surtout de ne jamais être seule à l’appart, car c’est à ce moment-là que le risque de faire une crise augmente drastiquement. En plus, on rajoute une couche de stress, des émotions négatives et de l’ennui, et on obtient un cocktail dangereux : chaque jour depuis le confinement, je trouve ça extrêmement difficile de ne pas faire de crise.

L’isolement pèse sur tout le monde, mais il est particulièrement lourd sur les personnes qui ont des compulsions. Si je peux au moins vous sensibiliser à ça avec mon témoignage, ça sera une bonne chose. Appelez vos proches qui ont plus de misère, faut se serrer les coudes.

 

Je tenais aussi à faire un point sur les blagues de prise de poids que je vois passer depuis le début du confinement. C’est pas drôle, la gang. Pis je vais être honnête avec vous : ça me trigger en mautadit et je suis certaine de ne pas être la seule à vivre ça. On peut tu arrêter de focuser sur notre apparence cinq secondes?

 

À toutes les personnes qui vivent avec un trouble alimentaire : je vous envoie une immense dose de douceur. Je suis avec vous. Je sais que ce n’est pas facile, mais essayons d’appliquer nos outils et de passer au travers, une journée à la fois.

 

Si ça devient vraiment trop difficile, la ligne d’écoute et le clavardage d’ANEB Québec sont toujours disponibles.

❤️

 

ANEB Québec 

1 800 630-0907

Plus de contenu