Je travaille encore (Dieu, merci!) et je suis donc souvent appelée à me déplacer à pied dans mon quartier pour me rendre au boulot. Et comme je travaille dans un lieu de « marche » très prisé par ceux qui télétravaillent ou ont perdu leur emploi, sur mon chemin, je croise beaucoup de gens. Parce que notre cher premier ministre le répète si souvent : prendre une marche, ça fait du bien et c’est bon pour la santé. Mais on dirait qu’avec les 2 mètres de distance recommandés vient cette action de baisser le regard.
Je suis coupable, je le fais aussi! On dirait que ce n’est pas naturel pour l’humain de maintenir une distance ET de faire un sourire en même temps. Officiellement, je constate que la peur se traduit par un recul et une fermeture au niveau du visage.
À cela s’ajoute l’espèce de climat de merde dans lequel nous sommes plongés, en tant que société, ces temps-ci. Je comprends que c’est un peu difficile de garder le sourire en ce moment.
Je ne sais pas pour vous, mais on nous martèle tellement qu’il faut respecter la distanciation sociale que j’en oublie qu’un humain est devant moi; tout ce que je vois, c’est la possible transmission de la COVID-19. Je ne pense qu’au fait que de l’attraper me garderait à l’écart de mon mode de vie habituel pour longtemps encore. Je n’arrive pas à me rappeler que cet humain devant moi est aussi quelqu’un qui, comme moi, tente de passer à travers cette situation difficile.
Bref, tout cela devient un peu difficile pour tout le monde et il faut se rappeler que nous sommes tous dans le même bateau, mais aussi que cette situation anxiogène l’est encore plus pour certaines personnes. Lorsque je vous croise dans la rue, je ne sais pas si vous venez de perdre votre emploi, si votre PME est sur le bord de la faillite, si un.e de vos proches est malade ou si vous êtes en attente d’une opération qui vient d’être reportée.
Mais je suis de tout coeur avec vous et je pense que nous devrions repenser notre façon de nous « croiser » dans la rue. Tout en maintenant ces 2 mètres de distance si importants, nous pourrions démontrer plus d’ouverture les uns envers les autres. Ça ne prend pas grand-chose pour démontrer un petit signe d’empathie, même de loin; un regard échangé, un sourire, un « bonjour », pourquoi pas?
C’est une manière comme une autre de se soutenir un peu dans tout ça. Et ce qui est le fun, c’est qu’un sourire, ça ne donne pas la COVID-19.