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Le quotidien dans une garderie au temps de la COVID-19

Je suis éducatrice à l’enfance. J’en parle souvent, ce n’est pas un secret! Je voulais un peu vous expliquer ce qui se passe dans notre monde actuellement. Le 13 mars dernier, le gouvernement québécois a annoncé la fermeture de toutes les écoles et de tous les services de garde de la province; nous étions donc touchés.

Le 15 mars dernier, dans un point de presse un peu moins diffusé, le ministre Mathieu Lacombe, ministre de la Famille, a annoncé que tous les services de garde 0-5 ans devaient rouvrir pour accueillir les enfants des employés de services essentiels. Pourquoi? Pour faciliter la vie aux familles et aux enfants.

Je ne sais pas si vous avez déjà côtoyé un enfant de moins de 5 ans, mais essayez de le mettre entre les mains d’un.e inconnu.e dans une situation qui semble un peu tendue pour voir comment il va réagir.

Donc voilà, quelques enfants de notre garderie sont revenus le 16 mars au matin et nous devions être prêts à accueillir plus d’enfants au besoin. Je suis disponible pour eux et prête à rassurer ces enfants qui retrouvent un brin de normalité dans leur quotidien chamboulé. Ils vivent la même situation que nous, à la différence qu’ils ne comprennent pas aussi bien que nous ce qui se passe.

La garderie est ouverte, mais ce n’est pas tout le monde qui peut y aller. On lave nos mains beaucoup plus souvent qu’à l’habitude. Les éducatrices ne sont pas toutes là en même temps, parfois elles font des rencontres sur Zoom pendant la sieste. Elles désinfectent beaucoup plus, on change les draps après chaque sieste, etc.

Chaque matin où je me lève pour aller travailler, je sais que je prends un risque. Non seulement dans mon milieu, mais sur le chemin vers le travail. Je prends le risque de rapporter avec moi le virus, mais également de l’emporter dans la garderie. De contaminer les enfants et, par le fait même, les parents qui travaillent dans nos services essentiels. Je prends aussi le risque de contaminer mon entourage, les gens avec qui j’habite, et moi-même de ne plus être capable travailler.

Et ça circule beaucoup sur les médias sociaux; des éducatrices sont perplexes face à cette situation. Parce qu’elles n’ont pas choisi de mettre leur vie à risque. Parce que beaucoup de ce qui nous est demandé est à la limite de l’impossible. Je défie quiconque dans la salle de changer une couche à 2 mètres de distance, de mettre un habit d’hiver à 2 mètres de distance et de gérer 8 enfants de moins de 5 ans tout en désinfectant tout derrière eux.

Malgré tout cela, je me lève chaque matin où je suis inscrite à l’horaire, je rentre travailler et je prends soin de ces enfants le plus normalement possible, en faisant attention à toutes les nouvelles directives malgré tout.

J’accepte de le faire parce que non, je n’ai pas choisi un métier à risque, mais j’ai choisi de prendre soin des tout-petits, de les protéger, de les soutenir et de les aider à se développer. Et être présente dans cette tempête pour les aider à passer au travers, ça fait partie de ma job. Je serai là pour les écouter, je prendrai un moment pour les épauler, je leur expliquerai dans des mots qu’ils comprennent ce qui se passe et pourquoi les autres enfants ne sont pas à la garderie.

Et, avec eux, je dessinerai un arc-en-ciel tout en y écrivant « Ça va bien aller! »

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