Je sors d’une année de deuil. Ça a l’air… Je ne m’attendais sincèrement pas à ça. Je ne savais pas ce que c’était de vivre un deuil avant de l’avoir vécu. Pour être honnête, je ne réalise pas à 100%. Je ne réalise pas que ma mère est partie, qu’elle ne reviendra pas, qu’elle ne sera plus jamais là. Pour moi, c’est temporaire. Son odeur est encore sur ses chandails de laine, peu importe le nombre de fois où je les lave. Sa présence est encore autour, je l’imagine me donnant des conseils.
Une année de deuil, c’est une aussi une année de faiblesse et de fatigue perpétuelle. C’est une année à nager pour se tenir la tête hors de l’eau et à avaler de nombreux bouillons. J’ai pris en charge une grande partie des funérailles et de la succession. J’ai été celle qui a tenu le fort familial pendant ce temps et qui s’assurait que tout était réglé à ce niveau.
Je vivais également un déménagement et un changement d’emploi à ce moment-là. J’ai eu pendant plusieurs mois une to-do list de plusieurs pages. Je me suis perdue dans les documents à remplir et la paperasse à gérer. J’ai négligé beaucoup de choses et j’en ai beaucoup laissé passer, au pur bonheur de ceux qui ont essayé de m’en passer des vites.
La bonne nouvelle, avec les gens en deuil, c’est qu’à un certain moment, on remonte la pente. À un certain moment, la vie reprend son cours, on apprend à vivre sans la personne aimée et on reprend le contrôle de notre vie. À un certain moment, la to-do list est devenue moins longue. De moins en moins longue.
J’ai vu le bout quand les étapes d’aller porter des vêtements chez le cordonnier et de préparer à l’avance mes impôts 2020 ont été accomplies. C’est là que j’ai su que j’avais pu rattraper la vie. Que je nageais dans une eau un peu plus calme et que je voyais le large. C’est exactement à ce même moment que j’ai décidé de prendre le dessus sur les situations problématiques auxquelles je me retrouvais confrontée.
Maintenant que cette année de paperasse est réglée, je prends soin de moi intérieurement, et ça signifie également de mettre une croix sur les situations néfastes qui m’ont été imposées alors que j’étais vulnérable.