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Je viens avec un chien
Crédit: Myriam Baril-Tessier de MBTPhotographie

À l’été 2018, je me suis fait convoquer à une rencontre d’information chez Mira. Ce que je ne savais pas en arrivant à la Fondation, c’est que ce jour-là, ma vie allait changer. Ce jour-là, j’allais repartir de Ste-Madeleine avec 8,5 kilos en plus.

Crédit: Myriam Baril-Tessier de MBTPhotographie

Même si un de mes rêves se réalisait, le timing, lui, n’était pas optimal. Quelques semaines auparavant, je m’étais fait remercier suite à une restructuration administrative. Déjà qu’une recherche d’emploi peut être stressante, j’avais désormais une charge d’angoisse supplémentaire à ma démarche : je viens avec un chien.

Depuis plus ou moins 20 ans, le Québec reconnait les chiens-guides et les chiens d’assistance. Il est interdit d’en refuser la présence. Par contre, cela ne s’applique pas aux chiens à la première étape du processus : la socialisation. Bien que cette phase soit cruciale, ces chiens sont en zone grise. Eux peuvent être déclinés.

Par conséquent, mes potentiels employeurs avaient le droit de dire non.

Il m’est arrivé que l’on n’accepte pas mon chien. Chaque fois, je pensais au paradoxe de l’œuf ou la poule : comment rassembler les conditions gagnantes qui préparent un chien à l’entraînement si l’on ne peut pas développer le comportement de celui-ci en l’habituant à évoluer dans tous types de milieux? Car rappelons-nous… Avant d’être des chiens à superpouvoirs, ce sont des chiots.

À l’automne, une notification LinkedIn m’alerte qu’une certaine Hélène Godin de la Factry souhaite un entretien avec moi. « Hélène qui? La Fac-quoi? » Je fais mes recherches. Il s’agit d’une école des sciences de la créativité qui outille le savoir-faire et le savoir-être d’entreprises et d’individus afin de penser autrement. « Je veux travailler là. »

Mais bien que ce hub de formations créatives se dit novateur face au monde du travail en changement, allait-il faire preuve de cette même vision en matière de recrutement? C’est donc plutôt nerveuse que j’ai attendu à la fin de mon entrevue pour mentionner ma condition d’embauche : je viens avec un chien.

Quelques jours après, on me fit une offre mentionnant que j’étais autorisée à amener mon chien Mira au travail dans la mesure où il se comporterait correctement en public et ne nuirait pas aux activités. « Ouf! »

C’est ainsi que Raki et moi avons joint l’équipe.

Crédit: Myriam Baril-Tessier de MBTPhotographie

On se rendit vite compte qu’à petite ou grande échelle, Raki changerait la Factry. En voici un exemple parmi tant d’autres.

Lors d’ateliers, Raki était toujours attaché en retrait. Ce jour-là, nous accueillions un groupe d’une grande banque. Un homme au regard impassible se dirigea vers moi et me demanda s’il pouvait toucher le chien. « Bien sûr, merci de demander. » Il se pencha vers Raki. Ôta ses lunettes, s’agenouilla et devint instantanément gaga. Il lui caressa la bedaine et se laissa mordiller le menton. Après plusieurs minutes, il se releva, remit ses lunettes, me dit merci et s’en alla.

J’étais saisie de voir cet homme, en apparence imperturbable, se soumettre à une telle posture d’enfant. L’instant d’un moment, il n’était plus PDG d’une importante entreprise. C’était une personne mise à nu, candide, captivée et attendrie par son nouvel ami à quatre pattes.

Même si je me l’étais imaginé, je n’aurais jamais pu anticiper à quel point un chien en environnement de travail peut avoir de l’impact. Autant auprès de participants, qu’au sein de l’équipe. Le pouvoir du chien est impressionnant.

Quand Raki a dû partir, j’ai remémoré à mes patronnes et mes collègues ma condition d’embauche…

C’est maintenant à Windsor que reviennent les câlins. Car depuis 6 semaines, je viens de nouveau avec un chien.

 

Vous avez envie d’aider?

Bientôt aura lieu un match d’improvisation bénéfice dont tous les profits iront à la Fondation Mira. Une initiative de Garance Philippe, famille d’accueil Mira, soutenue par le Théâtre de la LNI, la Factry et les Brasseurs du Monde. 38$ / billet dont 30$ seront remis à la Fondation Mira

Vendredi 27 mars 2020 de 18:00 à 21:30 @ la Factry (1111 Rue Saint-Antoine O, Montréal, QC)

Les talents :
Florence Longpré (La LIM – Ligue d’Improvisation Montréalaise), Jean-François Aubé (Théâtre de la LNI), Jo Cormier, Magali Saint-Vincent (LaSprite), Marc-André Leclair (La Gailaxie – ligue d’improvisation), Sophie Thibeault (Théâtre de la LNI), Zoomba Létourneau, et Julien Philippe à l’accompagnement musical

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