Il y a déjà plus d’une semaine, la célèbre mathématicienne Katherine Johnson s’est éteinte à l’âge honorable de 101 ans. Elle fait partie de ces femmes qui ont fait bouger les choses, mais qui n’en ont récolté les honneurs que très tard.
Connue pour ses calculs ayant permis aux États-Unis de gagner la conquête de l’espace, elle n’a été que tardivement reconnue pour son travail. En effet, il lui a fallu attendre jusqu’en 2015 pour que sa contribution à cet exploit majeur de l’histoire américaine soit soulignée publiquement. C’est l’ancien président américain Barack Obama qui lui a décerné la médaille présidentielle de la Liberté, soit l’une des plus hautes distinctions qu’il est possible d’obtenir en tant que simple civil aux États-Unis.
Pourquoi attendre aussi longtemps, me demanderez-vous? Eh bien, il faut se remémorer les circonstances de l’époque pour bien comprendre cet « oubli » des plus fâcheux. C’est avec son diplôme en mathématiques en poche que la jeune femme rejoint le programme spatial américain – aujourd’hui connu sous le nom de NASA – en 1953. Elle avait pour principale tâche de vérifier le travail de ses supérieurs (masculins) à l’aide de résolution de calculs et d’invention de nouvelles formules.
Si le fait d’être une femme dans les années 1950 ne représentait déjà pas un assez gros défi, Katherine Johnson était aussi une femme racisée. En plein milieu de la ségrégation américaine dans un état qui n’était pas des plus avant-gardistes, il est peu dire que son quotidien n’était pas de tout repos. De fait, il lui a fallu attendre 5 ans, en 1958, pour que son équipe, composée entièrement de personnes racisées, puisse faire partie du premier programme de vol spatial habité des États-Unis.
C’est à ce moment que la mathématicienne a pu participer aux calculs pour propulser le premier Américain dans l’espace, soit l’astronaute Alan Shepard. Après trois décennies au sein de la NASA, Katherine Johnson est à l’origine d’équations cruciales qui ont permis aux États-Unis de gagner la conquête de l’espace qui, à l’époque, opposait principalement les États-Unis et la Russie.
Les formules et équations qu’elle a inventées sont toujours en usage dans la science spatiale contemporaine. On lui attribue d’ailleurs les calculs de l’Apollo 11, soit la mission spatiale qui a permis à Neil Armstrong d’être le premier homme à marcher sur la Lune en 1969.
Katherine Johnson laisse donc à l’humanité un immense savoir scientifique et on lui doit l’un des événements les plus marquants de l’histoire moderne des États-Unis. En tant que femme, elle est une source d’inspiration tant pour les femmes que pour les hommes qui aspirent à de grandes choses. Si elle avait été un homme, probablement que ses exploits auraient été connus bien avant 2015, mais elle n’aurait pas réussi le double exploit de faire avancer la cause des femmes, mais aussi celle des femmes de couleur.
Pour en connaître un peu plus sur cette héroïne méconnue, je vous suggère de visionner l’excellent film Les figures de l’ombre, sorti en 2016. Il s’agit d’une version romancée de sa vie qui, selon moi, mérite d’être vue et revue.
Pour toutes ses femmes qui ne méritent pas de rester dans l’ombre, j’espère que son décès nous inspirera une bonne leçon: faisons place aux femmes et donnons-leur la reconnaissance qu’elles méritent. Elles font de grandes – très grandes – choses!