Mon frère a une dépendance à l’alcool depuis plusieurs années. Ça fait longtemps qu’on essaie de l’aider, mais l’affaire avec les compulsions – pour être passée par là – c’est que tant que le move ne vient pas de soi, y’a pas grand-chose qui se passe. Récemment, il a pris la décision d’aller en désintox, et ça a été un grand soulagement pour tout le monde. Il voulait faire ce premier pas vers la guérison et reprendre sa vie en main.
Il est entré en désintox vers la fin décembre. D’une certaine manière, je pense que ça a été le meilleur momentum, parce que ça lui a évité plusieurs soirées difficiles et tentantes, mais c’est sûr qu’il nous a beaucoup manqué pendant les Fêtes. Il est resté une semaine en retraite fermée, et tient le coup depuis. Je suis vraiment fière de lui.
Le week-end dernier, on célébrait son anniversaire et en guise de solidarité, on a décidé de ne pas boire non plus. Comme il ne boit plus depuis peu, on sait que la corde sur laquelle il marche est encore très fragile et on voulait l’aider le plus possible dans son cheminement. À un certain moment dans la soirée, il m’a confié que ça le faisait chier de voir qu’on s’empêchait de boire pour lui et qu’il ne voulait pas nous limiter dans notre fun.
Sur le coup, je lui ai répondu qu’on ne s’empêchait de rien et qu’au contraire, sa situation nous était bénéfique à tous.tes puisqu’elle nous permettait de réduire notre consommation d’alcool. Ce qui, on s’entend, n’est jamais une mauvaise chose. Je crois que ma réponse l’a rassuré, mais disons que son commentaire m’est rentré dedans et m’a fait réfléchir à la place que l’alcool prend dans ma vie et dans la société en général.
Je n’ai pas besoin d’alcool en fait. J’ai réalisé que, n’eût été la situation de mon frère, j’aurais 100% acheté une bouteille de vin cheap que j’aurais siroté tout le long de la soirée et qui ne m’aurait absolument rien apporté à part un quinze dollars de moins dans mon compte en banque.
À quoi bon?
Comprenez que je ne démonise pas l’alcool. J’aime l’alcool, j’apprécie découvrir des drinks ou des bouteilles de vin et ce n’est pas un problème chez moi; je sais où sont mes limites. Sauf qu’être confrontée au combat d’un membre de ma famille m’a fait réaliser que l’alcool est trop simple, trop accessible. La ligne entre un comportement sain face à l’alcool et un comportement problématique est très mince et la place que l’alcool occupe dans la société est grande. Si on ne boit pas, on se fait systématiquement questionner et c’est fatigant.
Après ce week-end, je sais que je ne verrai plus ma consommation d’alcool de la même manière et je n’hésiterai plus à dire « non merci », sans avoir l’impression de m’empêcher de faire quelque chose.