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Je me suis fait avorter et j’ai peur d’en parler à mes proches
Crédit: Danny G/Unsplash

Je n’ai jamais vraiment pensé au fait d’avoir des enfants un jour. Disons simplement que ça n’a jamais fait réellement partie de mes priorités dans la vie. J’ai eu des partenaires qui n’en voulaient pas et perso, ça ne m’a jamais dérangée. Donc, quand j’ai vu le petit + sur le test de grossesse, ma décision était déjà prise.

 

Sans entrer dans les détails (et surtout sans engager un débat sur les moyens de contraception), ce n’est pas la première fois que je vis un avortement. Je m’en étais remise rapidement et je n’ai pas vécu de deuil particulier, mais plutôt un grand soulagement. J’en ai parlé avec un ou deux ami.es proches, mais honnêtement, je ne croyais pas avoir besoin de soutien particulier à ce moment-là.

 

Pourtant ce que je viens de vivre récemment m’a rendue très confuse.

 

Je suis très consciente de la chance que j’ai eue. D’être dans un pays où le droit à l’avortement bénéficie d’une certaine accessibilité (mais pas parfaite!). Pourtant je repense souvent à ce que je viens de vivre. À vrai dire, je me sens triste.

 

Je sais profondément que si je ne veux pas d’enfant, c’est surtout parce que les conditions ne sont jamais les bonnes. Je viens de finir mes études et je suis en train de me chercher un emploi dans mon domaine. Pour bien des raisons, je me sens toujours en mode «économie d’énergie» et je ne me vois pas gérer une famille. Je doute profondément de mes compétences dans tout ce que je fais en ce moment. Si mes conditions de vie étaient meilleures… peut-être que ce serait différent! Bref, je me demande si je ne suis pas en train de passer à côté de quelque chose même si je me disais que je ne connaîtrais probablement jamais la maternité.

 

Je suis très mal à l’aise de raconter cette expérience, même à un.e proche. Je sais que ce n’est pas obligatoire, mais j’ai besoin d’y voir clair. Pourtant, il se trouve que généralement je ne ressens pas de problèmes à me confier. J’ai peur qu’on me fasse savoir que cette expérience est un nouvel échec dans ma vie. Ou alors qu’on me dise que c’est tabou et que je ne devrais juste pas en parler. J’ai aussi peur de me faire juger comme irresponsable puisque ce n’est pas la première fois.

 

Ce qui est important de savoir, c’est que chaque personne* vit un avortement de façon différente. Et cette façon de le vivre lui appartient totalement. Cette façon de le vivre peut aussi varier selon les moments de la vie, je n’ai aucun doute là-dessus. Je crois que c’est important de le savoir afin de soutenir les personnes qui ont besoin d’être écoutées.

 

*Je tiens à dire « personne », car les femmes ne sont pas les seules personnes qui peuvent donner la vie.

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