Le plaisir de lire s’évapore progressivement entre les tentations brûlantes que sont les technologies instantanées et faciles, comme le cellulaire, Netflix, les réseaux sociaux et diverses autres distractions virtuelles. C’est compréhensible, mais je m’obstinerai jusqu’à la fin de mes jours: le livre, l’objet, est thérapeutiquement irremplaçable. Il n’y a aucun équivalent à la relation entre l’être et le livre. Ses pages qui glissent entre les doigts; lever les yeux sur un passage bouleversant; annoter (oh sacrilège) la marge de ses réflexions et critiques…
Romans, essais, ouvrages généraux, recueils, j’entreprends aujourd’hui une *brève* liste de lectures propices à activer vos méninges, que ce soit en reflétant sur votre être personnel ou sur le monde extérieur. Après tout, un livre, c’est toujours un morceau de miroir.
Bernard Werber, L’encyclopédie du savoir relatif et absolu.
J’aurais pu proposer n’importe quelle oeuvre de cet auteur, qui a entre autres imaginé l’intelligence chez les fourmis, ou encore réfléchi au chaînon manquant, au pouvoir du cerveau humain, et à ce qui peut bien se passer après la mort… Mais, l’ouvrage suggéré ici est différent. Il ne s’agit pas de fiction, mais bel et bien d’un dictionnaire rassemblant diverses anecdotes et savoirs sur l’humain et son univers. Histoire, science, ésotérisme, astronomie, évolution… C’est sacrément intéressant, et ces petits bouts de connaissances nous forcent à « penser à l’extérieur de la boîte ».
Patrick Süskind, Le Pigeon.
Ce nom vous rappelle peut-être quelque chose. Il est plus connu pour avoir écrit le Parfum. Bien que ce dernier soit excellent, je conseille ici ce petit roman qui se dévore en moins de deux. Pour intrigue, il y a cet homme à la vie parfaitement organisée et calculée, qui, un beau matin, rencontre le regard impitoyable d’un pigeon, et en voit sa vie complètement bouleversée. L’oeuvre parvient à nous faire craindre ce foutu pigeon, et on ressent l’angoisse existentielle du personnage à travers chacune des pages. Un petit délice qui nous oblige à penser au regard des autres, mais avant tout, à celui qu’on omet parfois de porter sur nous-mêmes.
Amin Maalouf, Léon l’Africain.
Une merveille pour quiconque a besoin de faire calibrer sa boussole xénophobe. Ouvrage de fiction campé à même l’Histoire, on suit les fabuleuses et historiques péripéties de cet homme arabe, qui a traversé les contrées de ce monde, et par le fait même, a multiplié ses identités. Homme de l’Orient, homme de l’Occident, son aventure donne un peu d’espoir en la paix entre ces deux entités.
Amin Maalouf, Les Identités meurtrières.
Bon, ce n’est pas que je l’aime particulièrement lui, mais il a parlé en long et en large d’un sujet qui me fascine: l’identité. Ici, c’est un humble essai qui s’attarde sur les multiples facettes de l’identité, et comment la société orchestre certaines violences vis-à-vis celle-ci. Moi, je ferais lire cet ouvrage dès, genre, secondaire 3? Très facile à lire et à comprendre, c’est un petit livre essentiel sur un sujet essentiel, qui nous aide à comprendre l’« Autre » et combattre la violence issue de l’ignorance.
Paulo Coelho, Veronika décide de mourir.
Très joli récit sur un suicide raté. Antithèse? Assurément pas. Lu dans ma période emo d’adolescence, cet ouvrage m’a fait apprécier un peu plus la vie, ou plus précisément, son irrécupérable valeur.
Geneviève Morand et Naralie-Ann Roy (dir.), Libérer la colère.
Parce qu’une femme en colère, ce n’est pas une hystérique. Ce n’est pas une mal baisée, elle n’a pas de montée de lait, du sable dans le vagin, elle n’est pas dans sa semaine ou dans ses SPM. À travers plusieurs témoignages sous diverses formes, on saisit l’ampleur du refoulement de la colère féminine causée entre autres par la violence des stéréotypes véhiculés encore fréquemment dans la toutes les strates de la société.
Sigmund Freud, Sur le rêve.
Fallait du Freud, à mon avis! Il n’a pas dit que des horreurs misogynes… N’ayez pas peur du nom, Freud est tellement facile et agréable à lire! Je suggère cet ouvrage des plus intéressants qui initie à sa théorie sur la nature des rêves. Aucune question de symbolisme ésotérique. Vous jugerez par vous-mêmes: c’est vraiment sensé. En bref, les rêves, aussi cryptiques soient-ils, seraient la réalisation de nos désirs, parfois si refoulés qu’ils s’orchestrent dans notre esprit comme des cauchemars… À lire avec un œil ouvert et critique!
Et vous, quelles sont vos propositions de lectures marquantes qui ont changé votre façon de voir le monde?