Quand j’ai su que l’organisation des Alouettes de Montréal avait décidé de poursuivre ses activités sans ses cheerleaders, j’ai tout de suite ressenti de la colère, de la déception, mais surtout de l’incompréhension. C’est via une publication d’Annie Larouche, directrice de la Fondation des Alouettes et entraîneuse des meneuses de claque depuis 24 ans que j’ai appris la nouvelle…
Chers amis(es), C’est avec le cœur brisé que je vous annonce que l’équipe de cheerleaders ne sera pas de retour en…
Posted by Annie Larouche on Wednesday, February 5, 2020
J’ai dansé dans l’équipe de meneuses de claque des Alouettes il y a un moment déjà, de 2010 à 2014. Je suis ce qu’on appelle une « alumni », parce qu’« Alouettes un jour, Alouettes toujours ». Je sais que ça peut être facile de penser que les meneuses de claque ne sont que de belles femmes qui dansent en petite tenue, mais c’est tellement plus que cela. À travers mon expérience avec les Alouettes, j’ai côtoyé des femmes aux parcours multiples, aux passions et carrières diversifiées. Je sais que je n’aurais probablement jamais rencontré toutes ces magnifiques personnes si je n’avais pas eu la chance de faire partie de cette équipe.
Le football est un sport intéressant, mais quand je vais voir un match, je n’y vais pas uniquement pour voir les jeux des joueurs : j’y vais pour l’expérience et l’ambiance, et celles-ci ne sont certainement pas les mêmes sans les cheerleaders. Je ne connais pas les détails de cette décision et on risque de voir beaucoup d’opinions être partagées dans les prochains jours, car soyons honnêtes, la place des femmes dans le monde du divertissement sportif provoque toujours l’émoi; on l’a vu avec les critiques de la mi-temps du Superbowl…
Je ne veux pas énumérer les raisons de pourquoi je trouve pertinent d’avoir des cheerleaders pour l’équipe, la direction le verra bien si la vente de billet en est affectée. Ce que je voulais écrire ici est plutôt sentimental et nostalgique.
Je n’ai pas beaucoup de photos de ces moments, mais j’ai des souvenirs plein la tête et je voulais en partager un en particulier. Un souvenir, ou plutôt une sensation qui me rappelle d’être reconnaissante de ces années inoubliables. Je me souviendrai toujours de l’excitation partagée juste avant le début d’un match, quand les gens se dirigeaient vers leurs sièges pendant que nous, on se préparait à rentrer sur scène.
Après avoir scandé un « Go Als Go ! » dans nos vestiaires, on se dirigeait souriantes vers le casque géant par lequel on allait sortir en courant, pour faire une haie d’honneur aux joueurs. On ouvrait la marche alors que des fans se trouvaient toujours sur notre chemin pour nous faire des high five et nous souhaiter un bon match. Droite et prête à donner un spectacle du tonnerre, c’est à ce moment que le grondement du stade et l’adrénaline me remplissaient d’une sensation incomparable.
Tout un feeling d’ailleurs, ce fameux moment dans le casque. Quand on est dans les gradins, on trouve le tout anodin, mais à l’intérieur de ce casque régnait une espèce d’effervescence enivrante. Je me souviens de l’odeur du fixatif à cheveux mélangé à celui du gazon qui restait coincé dans les crampons sous nos espadrilles. On faisait une dernière fois nos splits et nos cris d’équipes, on se rappelait les derniers détails concernant telle ou telle chorégraphie, puis on enchaînait nos nombreux rituels et taquineries entre amies pour se souhaiter une bonne game. C’était nos coulisses à nous, le dernier moment pour laisser sortir notre fou.
On pressait notre main contre le gazon, en cercle les unes collées sur les autres pour écouter attentivement notre mentor et coach faire son speech. Elle nous souhaitait exactement ce que je souhaite à l’équipe cette année ; pas d’erreur, pas de blessure, de l’énergie et surtout, la victoire.
Merci pour ces belles années.