Ce serait mentir de dire que ma séparation, il y a tout juste un an, s’est bien passée ou que ça s’est terminé dans l’harmonie et que nous sommes restés bons amis. Avoir la police qui débarque chez toi pour t’aider à sortir de ta maison et, par le même fait, de la relation violente dans laquelle tu vis, ce n’est pas vraiment le scénario que j’avais imaginé.
J’ai d’abord refusé d’en parler à visage découvert parce que j’avais surtout honte. Je me sentais honteuse de m’être retrouvée aussi longtemps dans cette relation, d’autant plus que j’ai un enfant et que, malgré moi, il en a été témoin. Je m’attends à me faire juger. D’autant plus que je l’ai moi-même déjà fait. J’ai déjà été cette personne-là. Celle qui ne comprend pas comment on peut rester dans une relation où on se fait crier les pires horreurs. Où on se fait blesser. Et pourtant.
Je me suis fait dire « Je ne comprends pas qu’avec ton caractère, tu te sois laissée faire. » Oh, mais ce n’est pas si simple. On peut avoir le plus gros des caractères, ne pas se laisser marcher sur les pieds, et quand même vivre de la violence. C’est ça la twist poche avec la violence conjugale. Je ne l’ai pas vue venir. Je savais que ma relation n’était pas saine, mais je refusais de voir qu’elle se rangeait dans la case de la violence conjugale.
Y’a pas toujours de coups ni de choses qui se brisent. C’était insidieux. Ça ne commence pas toujours abruptement, ça s’incruste parfois tout doucement. Et il y en avait, des beaux jours. Et mon doux qu’ils étaient plus-que-parfaits, ces jours-là. Mais les insultes, les reproches… ça me rentrait dans la tête de plus en plus.
Je ne me suis pas toujours laissée faire. J’ai crié aussi. J’ai répliqué. Mais j’ai payé le prix, aussi. Chaque fois. Quand ce n’était pas mon corps qui se faisait pousser contre un coin de mur, c’était un poing directement à côté de mon visage. Ou c’était des insultes. Sincèrement, il n’y a rien que je n’ai pas entendu. Sans blague.
Après un moment, on apprend à se taire et attendre que ça passe. Puis, je me suis réveillée un matin et je n’avais plus personne. J’étais isolée de mes amis, de mes parents. Le cauchemar, quoi.
Un an et 14 jours plus tard, je suis heureuse. Je travaille fort sur mon petit bonheur. Mon fils et moi, on se porte bien. Doucement, tranquillement, on a appris à refaire une routine, à reconstruire notre cocon. J’ai pris du temps pour moi. Pour me rebâtir. Puis, une chose en amenant une autre, j’ai rencontré l’amour et refait de la place dans ma vie et dans mon cœur pour un autre homme.
Je mentirais si je disais que ça a été facile de sortir de ça. Que je n’ai pas de séquelles. Que je suis 100% épanouie dans ma nouvelle relation. La vérité, c’est que les traces de ce que j’ai vécu ne sont jamais bien loin. Je vis encore avec la peur de dire ou de faire la mauvaise chose, avec les doutes et la communication est difficile pour moi.
Réussir à m’ouvrir à une autre personne, c’est une des choses les plus difficiles que j’ai à faire. Ça me demande énormément de temps, d’amour et de patience pour comprendre parce que le plus gros du travail, c’est moi qui a à le faire. Je dois déconstruire chaque mur, chaque moyen de protection que j’ai bâti par peur de subir des conséquences, et comprendre que cette nouvelle relation que je vis n’est pas comme la précédente.
Mais je suis chanceuse : j’ai un homme doux et patient (vraiment patient) à mes côtés. Qui me donne espoir que je réussirai, avec le temps, à laisser ces séquelles de côté une bonne fois pour toutes.
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