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Pourquoi il faut parler du deuil par suicide
Crédit: Unsplash

Du 2 au 8 février, c’est la 30e Semaine nationale de prévention du suicide. Pour l’occasion, je me suis entretenue avec un intervenant de Suicide Action Montréal pour démystifier le deuil par suicide; parce qu’il faut en parler, connaître les ressources disponibles et, surtout, savoir qu’on n’est jamais seul.e.

Je vous invite d’ailleurs à découvrir la campagne Tombent les masques 2020 sur le site de Suicide Action Montréal.

 

Pouvez-vous décrire brièvement votre travail pour Suicide Action Montréal? Depuis combien de temps êtes-vous intervenant pour cet organisme?

Je m’appelle Jean-Claude Daoust et je suis impliqué à Suicide Action Montréal depuis plus d’une quinzaine années. Je m’occupe des services pour les personnes endeuillées par suicide depuis environ 7 ans et suis responsable de soutenir les intervenants dédiés au service, ainsi que d’organiser les services et les rencontres pour notre clientèle endeuillée. Mon équipe et moi-même rencontrons les personnes endeuillées pour leur offrir soutien et accompagnement, et pour les mettre en contact avec leurs forces et habiletés personnelles.

 

Quelles sont les ressources offertes aux personnes qui ont perdu un proche par suicide? Vers qui peuvent-elles se tourner? 

Suicide Action Montréal offre différents services pour le deuil suite à un décès par suicide. Les personnes endeuillées par suicide peuvent recevoir un soutien immédiat en tout temps en appelant notre ligne 24h. Elles peuvent également avoir accès à un suivi téléphonique, des rencontres individuelles, de couple ou familiales, ainsi qu’à un groupe de soutien lorsqu’elles se sentent prêtes.

 

Quelles sont les étapes du deuil lorsqu’on perd un proche par suicide? Est-ce différent d’un autre type de deuil?

Chaque personne vit son deuil à sa façon et à son rythme. Les gens peuvent vivre des émotions intenses et des moments de désorganisation, tout en ayant des moments de répit et des moments de réorganisation. Il n’y a pas un deuil qui est pareil.

Ce qui est différent chez le deuil par suicide est l’aspect du choc, le sentiment de culpabilité, ainsi que les grands questionnements et recherches de réponses qui viennent habituellement avec ce type de perte.

 

Que puis-je faire pour aider quelqu’un qui vit un tel deuil? 

Oser aller vers la personne et lui demander comment ça se passe pour elle et lui demander ce dont elle a besoin. Offrir une aide concrète comme la préparation d’un repas ou l’aide avec les enfants. Lui offrir une écoute sans nécessairement donner son avis ou lui dire quoi faire. Oser aller de l’avant en organisant une petite activité pour l’aider à se changer les idées et se donner une pause.

 

Que faut-il absolument éviter de faire si on vit un tel deuil?

Il est important de ne pas s’isoler si c’est insoutenable, si on vit une détresse. Tendre la main vers d’autres (proches, professionnels, organismes) peut être d’un grand soutien.

Aussi, rester continuellement dans l’intensité de la douleur et des émotions reliées à la perte peut être lourd; essayer de se donner des pauses et de connecter à de petites choses peut rendre l’état moins pire, amener un peu plus près de l’espoir, faire réaliser que ce qui se passe en ce moment n’est pas permanent.

 

Que faut-il absolument éviter de dire à quelqu’un qui vit un tel deuil?

Évitez des phrases du type « il faut que tu passes à autre chose » ou « ça fait 6 mois, me semble que tu devrais aller mieux ». Surtout, demeurer présent.e pour la personne, car l’entourage a tendance à prendre ses distances et à être moins présent seulement trois mois après la perte.

 

Du 2 au 9 février, c’est la 30e Semaine nationale de prévention du suicide.

Si vous ou un proche en ressentez le besoin, contactez Suicide Action Montréal au 1-866-APPELLE

Pour plus d’information, découvrez la campagne Tombent les masques 2020 sur le site de Suicide Action Montréal. Rafaëlle Roy et P-O Beaudoin ont d’ailleurs témoigné pour la cause.

 

 

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