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La fin des études ou quand la vie devient (tout à coup) linéaire
Crédit: Unsplash

Je commence à aller mieux, plus d’un an plus tard. Plus d’un an après avoir terminé mes études. Moi, qui était aux études temps plein pour ma 23e année de vie en ligne. Une pause après le secondaire? No way, j’aime trop l’école et je veux une bonne job. Une pause après le Cégep pour faire un voyage ou évaluer mes options? Hum, non merci.

J’ai bien trop tripé sur le Cégep, je veux continuer à apprendre, et je pense que j’ai enfin trouvé mon chemin. Après un bac en quatre ans, peut-être qu’il est maintenant temps de prendre une pause? Non! Vite, la maîtrise et mon emploi de rêve m’attendent!

Aussi, travailler temps plein pendant ma période de rédaction, quelle judicieuse idée! Oh, j’ai eu besoin de quatre ans pour compléter ma maîtrise, mais c’est normal mon directeur est parti en voyage et était toujours indisponible… Oui, oui; rien à voir avec la dépression et l’épuisement. Parce que j’aime l’école, t’sais. Alors, pourquoi pas une deuxième maîtrise, vu que mon emploi de rêve – finalement – il ne m’attendait pas aussi impatiemment que je ne le croyais.

C’est ma vie en résumé rapido presto. Peut-être que vous vous reconnaissez. Que vous aimez apprendre, les livres, l’écriture et réfléchir. Le genre de passions qui sont difficiles à partager avec d’autres et qui nous entraînent parfois dans un monde de solitude et de performance dont nous sommes le carburant.

Par ailleurs, les études et tout ça, c’est aussi une vie très cyclique. La vie se structure alors inlassablement de session en session. On a toujours un objectif clair et précis: la fin de la session. On ne sort pas vraiment les fins de semaine, on a peu d’amis ou peu de temps pour les voir, on a peut-être quelqu’un dans notre coeur. On a des projets de vie. Et y’a notre job de rêve, bien sûr, qu’on a peut-être découverte après un stage (ou pas). On rêve aussi d’une maison, de chats ou même de chiens et aussi de voyages. Mais depuis qu’on est en âge de se projeter dans le futur, notre vie est structurée en cycles.

Et là, bam! Les études se terminent. Et y’en a plus, de fins de session. Y’en a plus, de « fin ». La vie coule vers l’avant, et on est là, diplôme(s) en main, à faire un travail qui n’est pas celui de nos rêves.

Alors, oui. Ça fait plus d’un an que j’ai vraiment terminé mes études, celles que j’ai faites dans un but précis, qui n’est toujours pas atteint. Tant de choix et de sacrifices pour lesquels le résultat désiré se fait attendre. Ça fesse. Après toutes ces années, je dois maintenant réévaluer et remodeler toute ma conception du temps.

J’ai aussi toujours eu la crainte de me satisfaire de peu, de devenir paresseuse et confortable, et de ne plus avancer. C’est aussi cette tragique sensation que j’ai dû combattre, une fois les études terminées. Mais, je vais mieux. Ma vie n’est plus une triste caricature. Je ne suis plus un cerveau en décomposition. Je suis libre. Et probablement que ça m’a fait peur, sur le coup.

On m’avait toujours donné un but, même si je poursuivais aussi les miens à travers ceux du monde académique. J’ai dû apprendre à m’écouter. Réapprendre à lire pour le plaisir. Réapprendre aussi à apprendre simplement pour le plaisir pur, simple et gratuit.

Alors, si vous vous reconnaissez un peu, je n’ai pas de conseils précis pour vous. Mais je vous encourage à avoir la force de vous écouter. Parce que vous l’avez, cette force. Vous avez fait tout ce chemin et vous êtes beaucoup plus qu’un réceptacle à connaissances. Prenez tout ce bagage et jetez-le dans le monde; explorez et créez. Il n’y a plus de limites.

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