La question existentielle de notre génération : « Je vais sur Tinder, ou pas? » Bon, j’exagère un peu, mais j’imagine que je ne suis pas le seul à avoir une relation ambiguë avec la populaire application. Télécharger, supprimer, télécharger, supprimer, regarder l’application durant 5 minutes, un peu découragé, en se demandant ce que je fais avec ça encore sur mon cellulaire… Ça vous dit quelque chose?
D’abord, le fait que le concept soit basé en grande partie sur l’image m’embête un peu. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est complètement superficiel, mais peut-être un peu? Qui prend vraiment la peine de lire les profils? Bon, si je le fais, j’imagine que d’autres aussi, mais qu’est-ce qu’on apprend sur quelqu’un avec un émoji de singe qui se cache les yeux et une pointe de pizza?
Surtout, il y a très peu de place au feeling, tout est très calculé avec des phrases du genre « Si tu mesures en bas de 6 pieds 2 tu peux oublier ça. ». Et le pauvre homme qui mesure 6 pieds 1 et demi, ça passe ou pas? Encore une fois, je caricature un peu… mais pas tant que ça.
Par contre, je mentirais si je disais qu’on ne retrouve que des gens ultra-superficiels sur Tinder. La preuve: je connais des couples qui se sont rencontrés sur l’application et moi aussi, même si ça n’a jamais abouti à rien de concret sur le long terme, j’ai déjà rencontré des personnes super intéressantes avec de belles personnalités via l’application.
Reste que pour se rendre là, il faut obtenir des « matchs ». Pour le gars ordinaire, Tinder peut être le petit coup de pied dans les couilles de ton égo. Quand, après avoir « liké » des centaines de profils différents, on n’obtient aucun « match », disons que ça donne une raison de plus pour supprimer l’application à nouveau.
Au final, on décide malgré tout de la garder sur son téléphone au cas où, un peu chaud après un 5 @ 7, on décide d’aller faire glisser notre pouce à l’infini. Mais pourquoi? Le concept ne nous fait pas tant triper, pourtant…
Parce que, rendu à la fin vingtaine, début trentaine, c’est rendu tout d’un coup plus difficile de faire des rencontres. On se lève un matin et soudainement, la plupart des gens dans notre entourage sont casés, les amies de nos amies ont toutes des chums et les années où on rencontrait facilement de nouvelles personnes avec lesquelles on partageait des points communs à l’université sont derrière nous.
Rencontrer quelqu’un au travail? Si on travaille dans une petite entreprise, ça laisse peu de possibilités… Personnellement, je suis plutôt de ceux qui croient que fréquenter quelqu’un avec qui tu travailles peut s’avérer risqué si la relation tourne mal.
Donc, qu’est-ce qui reste comme possibilités? Le bar du coin, s’inscrire à des cours de sports ou d’arts et espérer qu’il y ait quelqu’un de notre groupe d’âge ou, finalement, l’option demandant le moins d’efforts : une application de rencontre comme Tinder.
Alors, on s’inscrit sur Tinder ou pas?
Dans un monde où tout va de plus en plus vite et où tout est connecté à internet, j’imagine que c’est dans l’ordre logique des choses que les rencontres se passent aussi en mode « ultrarapide connecté », mais je crois que cette approche convient surtout à une certaine catégorie de personnes.
L’application a la force de nous présenter un énorme bassin de candidat.e.s très rapidement, mais est-ce que parfois, trop de choix nous force à rester en surface et à ne pas faire d’efforts?
Par contre, dans un monde de métro-boulot-dodo, où les gens sont stressés et pressés et où le temps est parfois une denrée rare, est-ce que c’est encore possible de rencontrer quelqu’un à l’épicerie du coin?
Tinder répond clairement à un besoin et une demande, mais je ne sais pas si un jour j’en viendrai à apprécier le concept. Néanmoins, d’ici à ce que je me force à m’inscrire à des cours du soir quelconques où je pourrai faire une possible rencontre, j’imagine que je continuerai à le laisser traîner ouvert de temps en temps dans mon cellulaire.