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Cette relation ambiguë que j’entretiens avec mon corps
Crédit: Unsplash

J’ai envie de vous parler de ma relation avec mon corps, parce que depuis que j’ai conscience de mon poids (c’est-à-dire depuis un très jeune âge), elle affecte mon quotidien. Son impact est omniprésent parce que j’ai l’impression qu’on me rappelle constamment – via les standards véhiculés dans notre société – un idéal qui ne correspond ni à ma morphologie ni à ma génétique. J’ai eu cette réflexion, il y a quelques semaines, lorsque je me promenais dans les rues de Montréal et que j’ai vu l’affiche d’une émission présentée à Vrak. Ça m’a sauté aux yeux: sur l’affiche, il n’y avait que des corps qui correspondaient aux standards, aucune diversité.

 

 Je me suis rappelé que lorsque j’étais adolescente, les personnages des différentes séries présentées dans les médias étaient aussi majoritairement – sinon complètement – joués par des acteurs et des actrices aux corps « typiques ». Comprenez-moi bien, je ne dis pas que c’est bien ou mal, je dis juste que de voir cette affiche a ravivé en moi ce sentiment d’être inadéquate – d’être différente – parce que mon type de corps n’était jamais – ou presque – représenté dans les médias lorsque j’étais ado.

 

 Et aujourd’hui, après de nombreuses années au cours desquelles on a parlé à maintes reprises d’inclusivité et de body positivity, j’avais espoir que les choses aient changé. J’avais espoir que les médias seraient maintenant le reflet de cette ouverture. Malheureusement, je constate qu’il est peut-être trop tôt pour voir des changements significatifs ou généralisés.

 

 Ce manque de représentation a contribué, je crois, à la relation ambiguë que j’entretiens avec mon corps et mon poids. Le plus étrange, c’est que lorsque je suis seule et que je me promène nue, mon corps ne me dérange pas. Je ne le trouve ni laid ni gros; je ne fais que vivre dans mon enveloppe corporelle. Je lui suis reconnaissante et je n’y pense pas vraiment.

 

 Mais lorsque je sors de cette bulle d’intimité et que les gens posent leur regard sur moi, ils me rappellent mon poids. Les boutiques de fast fashion – comme Dynamite, Zara et H&M – me rappellent aussi mon poids en n’offrant pas de vêtements à ma taille. C’est aussi un rappel quand, dans les médias, je vois peu de femmes aux courbes similaires aux miennes et que celles-ci se retrouvent bien souvent dans des rôles secondaires ou stéréotypés.

 

 J’ai souvent l’impression que mon existence est invalidée. J’ai accès à une offre limitée pour m’habiller: je dois m’en remettre aux quelques boutiques qui offrent des vêtements « taille plus », souvent pour des prix plus élevés que dans les boutiques de tailles « standards ». J’ai souvent peur d’obtenir un « faux » diagnostic parce que le médecin devant moi risque de vouloir expliquer tous mes problèmes de santé par mon poids. Je ressens aussi une pression sociale, comme si je devais tout faire pour être plus mince; sinon, tout risque d’être ramené à mon poids.

 

 Et tout ça, c’est parce que mon corps ne correspond pas aux « fantasmes », aux normes de beauté, de réussite et de « santé » de notre société.

 

En attendant qu’il y ait des changements, j’essaie de changer ma façon de consommer les médias et les réseaux sociaux pour trouver des gens qui me ressemblent et m’éduquer sur mes propres préjugés.

 

 Le blogue Dixoctobre est l’un de mes préférés et ma grandement ouvert les yeux sur différentes problématiques qui sont peu évoquées dans l’espace public.

 

 

Comment vivez-vous avec votre corps? Avez-vous l’impression de correspondre aux standards?

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