Ma vie est bien occupée. Je travaille plus de quarante heures. À côté de cela, j’ai un entraîneur, une psychologue, un massothérapeute, un conseiller financier, un comptable pour mes impôts, une esthéticienne, une technicienne en pose d’ongles, une femme de ménage et j’en passe. Selon les moments de ma vie, ces gens passent et reviennent.
Ce qui est absurde, c’est que la plupart des raisons pour lesquelles je fais appel à ces spécialistes, c’est que je n’ai pas le temps. Je n’ai pas le temps de prendre soin de moi parce que je travaille trop. Alors je travaille pour payer les spécialistes qui travaillent pour réparer mon corps. Je ne prends pas le temps de m’installer confortablement à mon poste de travail, j’ai mal au dos, j’appelle une massothérapeute. Je travaille tard le soir, j’habite donc près du travail pour éviter le temps de transit. Je pourrais habiter un peu plus loin, marcher jusqu’à la maison et réduire les heures passées au gym. Je préfère faire livrer ma nourriture que d’aller la sélectionner moi-même à l’épicerie, je paie même une entreprise pour portionner et diviser les ingrédients selon les recettes dans des sacs.
C’est ridicule! Je travaille comme une déchaînée et je manque de temps pour prendre soin de moi. Alors, je demande aux autres de le faire. Et je ne suis pas la seule. Nous sommes dans cette société où déléguer est devenu la norme. Où il est normal que chacun ait sa spécialité, et je ne saurais faire aussi bien que ces professionnels. Je sens que mes besoins sont mieux satisfaits quand je les confie aux autres.
Ce qui est encore plus ridicule, c’est qu’à une période de ma vie, j’étais entre deux projets professionnels. Je ne travaillais pas et je tentais donc d’économiser au maximum. Je cuisinais en partant de la base, je faisais mon ménage moi-même et l’accès au spa et aux massages était hors de prix, je ne pouvais même pas songer à l’idée de me payer un psychologue. À cette époque, ma vie était au ralenti, je vivais au rythme des jours. Lorsque j’étais invitée quelque part, j’avais l’habitude de cuisiner un gâteau plutôt qu’amener une bouteille de vin. Aujourd’hui, je me fais livrer quelque chose au travail pour l’apporter en visite.
Ce constat me fait réaliser l’importance de ralentir. De retourner à l’essentiel, à ce moment de ma vie où vivre était moins cher et où je trouvais encore le temps de m’occuper de moi par moi-même. Car parfois, j’ai l’impression d’avoir oublié comment. Suis-je si mauvaise pour m’occuper de moi?