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L’industrie du « Me Time »
Crédit: Unsplash

Quand y’a une passe de cash à faire, les pros du marketing ne sont jamais bien loin. Que ce soit pour perdre du poids, être bien chez soi, avoir un bel intérieur, se sentir bien dans sa peau, tout est là pour nous vendre des produits… même lorsque ce sont des désirs qui peuvent être parfaitement légitimes en soi.

Ces temps-ci, j’ai l’impression d’être envahie par le concept de self-care et du me time. Prendre soin de soi, prendre du temps pour soi : deux éléments vraiment importants pour la santé mentale et l’équilibre, je suis la première prête à le défendre. Pour être apte à prendre soin des autres, on doit d’abord prendre soin de nous : est-ce qu’un vase vide peut remplir le vase ou les verres d’à côté?! Évidemment pas. Si je suis vidée – physiquement, émotionnellement, mentalement, etc. –  impossible d’offrir le meilleur de moi à mes proches. Impossible aussi de juste subvenir à mes propres besoins essentiels de base.

D’où l’idée de plus en plus populaire de prendre du temps pour soi, pour ce qu’on aime, ce qui nous fait du bien, ce qui nous ressource. Vraiment, un temps chaque jour devrait m’être consacré pour recharger mes batteries, me développer, trouver une façon de m’apporter plaisir, repos, réconfort, etc. Ça peut faire toute la différence dans notre perception de soi et nos relations avec les autres. Un beau défi à développer au quotidien.

Là où j’accroche, c’est lorsque l’industrie s’approprie le monopole – à défaut d’un meilleur mot – du self-care en le faisant passer par un paquet d’artifices coûteux.

Tout ce qui s’achète et se vend – biens ou services – on nous l’offre « pour notre bien » : vous le méritez tellement…!

Un bon massage, un soin esthétique, un nouveau morceau de vêtement ou une paire de chaussures de plus, une coupe de cheveux rafraîchie, wow! Ces éléments sont définitivement positifs. Agréables. Personnels à chacun. Et les personnes qui offrent ces services sont appréciables x1000.

C’est l’idée de devoir dépenser pour s’offrir un temps de qualité qui me chicote. L’idée que prendre soin de soi passe par la consommation. Plus insidieux encore, le vague sous-entendu que le me time pourrait passer par une quelconque transformation extérieure de l’individu.

Est-ce que je cherche des problèmes où il n’y en a pas? Peut-être.

Mais lorsque je vois une publicité qui m’encourage à prendre soin de moi grâce à leur joli produit tellement futé, qui m’assure que je mérite de me gâter – « me gâter » en leur donnant mon argent – je bloque. Ça doit être mon esprit de contradiction #sorrynotsorry

Source : Giphy

Remarquez bien, on a tous nos domaines où dépenser nous paraît plus essentiel à notre bien-être. C’est parfait comme ça, ça s’appelle des priorités et elles varient d’un individu à l’autre, permettant ainsi à plein de business (locales, des fois, yé!) et de gens talentueux de se démarquer et prospérer. Ça fait rouler l’économie, ben oui.

Mais est-ce que j’ai vraiment besoin de me payer un paquet de machins chaque mois « pour me faire du bien »? Est-ce que consommer et dépenser peut-être au-delà de mes besoins « pour me ressourcer » est vraiment logique? Si je stresse lorsque je reçois mon relevé de carte de crédit, où est allé le prétendu bien-être que devait m’apporter mon nouveau soin fabuleux offert dans une belle boîte cadeau, à moi de moi?!

Je mérite absolument d’apprendre à prendre soin de moi in et out, mais peut-être pas d’y être incitée en me créant des besoins ou en exploitant mes insécurités.

 

Vous en pensez quoi?

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